Comme nous elles naissent opaques (Werner Lambersy)
Posted by arbrealettres sur 24 avril 2015
Comme nous
elles naissent opaques
et d’un matériau commun
pour arriver parfois au diamant
et taillées par un art amoureux
retrouver les éclats
d’une étoile
dont nous sommes restés
les
orphelins obscurs et douloureux
Comme nous
elles sont constituées surtout
de vide
et dorment d’un sommeil animal
autant que végétal
mais sans doute moins inquiet
et plus profond
Comme nous
elles possèdent des membres
des poumons et des paupières
quelles agitent moins souvent
moins brutalement
et avec une extrême discrétion
Elles se parfument
mais d’essences plus subtiles
où entrent des rappels d’alambics
immémoriaux et soufrés
Elles aiment les caresses
et s’usent volontiers
vers des courbes et des rondeurs
familières de nuques et de hanches
Elles se montrent gourmandes
mais d’épices
dont les ardeurs montent plus haut
plus loin dans les vertiges
de la durée
et les sargasses cosmiques
de la création
dans les frayères glauques
des premières vapeurs
des gésines gazeuses du néant
(Werner Lambersy)
toujours le même t’aime | journal du dessin rencontre said
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