FEUILLE BLANCHE (Ernest Delève)
Posted by arbrealettres sur 8 décembre 2015
FEUILLE BLANCHE
Quel trait savant de plume d’ange
Nous fit cette belle blessure
Le mal et ses fioritures
Le front fêlé comme un miroir
Où nulle femme ne vient voir
La bouche amère qui n’a plus
Savouré le fruit défendu
Un tout petit souci qui crie
Le cri de la poulie
Jusqu’au coeur de la nuit
Tant il voudrait sortir du puits
Un seau d’étoiles
Une très petite joie
Fébrilement se bat les flancs
Pour avoir des ailes géantes
Tant elle a peur de retomber
Comme les étoiles filantes
Mais une parcelle de nuit
S’envole d’une nuit de noces
Et va se percher sur l’arbre
Ebloui par excès de sève
Et chante seule l’inouïe
Nuit d’amour parfaite
O rossignol grâce à toi
J’entends le bonheur des autres
Ta réserve d’air pur
Fait un flambeau de bulles
Un bouquet d’étoiles
Pour tous les amants
La lumière me vient
D’un nuage en fête
Eclairant les fenêtres
Ces cristaux du festin
Où trône l’aimée
Jamais oubliée
Puisqu’elle est dans les yeux
De ceux qui sont heureux
De ses lèvres vient l’haleine
Par qui traversent la nuit
Ces étincelles de graines
Des parterres de minuit
Et peut-être mon jardin vide
En sera-t-il un peu fleuri
Pendant que cette feuille blanche
Tombe de l’arbre de la nuit
(Ernest Delève)
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