Sortie (Pierre-Albert Jourdan)
Posted by arbrealettres sur 4 mai 2016
Sortie, comme on se glisse par mégarde dans une ville, une foule ;
comme on se découvre à la fois démuni et protégé.
Comme on s’effraie de ces silhouettes grotesques
dont toute vie véritable semble s’être retirée.
On nage en pleine désertion.
Le choc est d’autant plus fort
que l’on se sait démuni, fragile ;
avec une sorte d’angoisse
(pourvu qu’il ne m’arrive rien dans la rue…)
qui ne veut pas céder.
Je songe aux masques d’Ensor.
La grande danse macabre, le carnaval d’inconsistance.
Mon Dieu comment faire pour que la vie retrouve
cette folle dignité qui devrait être la sienne ?
Ou bien ma vue est-elle si déformée ?
Démuni, disais-je, et protégé.
À l’écart, sur un banc.
Pas un tonneau, non.
Et quelques lueurs que je garde encore,
à l’abri dans le creux de mes mains
comme une flamme vacillante,
comme une promesse qui restera promesse.
(Pierre-Albert Jourdan)
Qu'est-ce que ça vous inspire ?