Arbrealettres

Poésie

AURELIA (Tomas Tranströmer)

Posted by arbrealettres sur 7 Mai 2016



30 juillet. L’archipel s’est fait excentrique – aujourd’hui,
pour la première fois depuis des années, l’eau
grouille de méduses, elles progressent avec calme
et avec douceur, elles appartiennent à la même
compagnie maritime: AURELIA, elles dérivent comme
des fleurs après des obsèques en mer, lorsqu’on les
retire de l’eau, elles perdent toute forme comme si
l’on tirait de l’ombre une indicible vérité qui se
formulait en gelée amorphe, elles sont en fait
intraduisibles, elles ne peuvent que rester dans leur élément.

2 août. Quelque chose voudrait être dit, mais les mots
ne suivent pas.
Quelque chose qui ne peut être dit, aphasie,
il n’y a pas de mots, mais peut-être un style…
Il arrive qu’on se réveille la nuit
et qu’on jette très vite quelques mots
sur le papier le plus proche, dans la marge d’un journal
(les mots rayonnent de significations!)
mais le matin : les mêmes mots ne veulent plus rien
dire, des gribouillis, des lapsus.
Ou les fragments du grand style nocturne qui nous
aurait frôlés ?

(Tomas Tranströmer)

 

 

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