Arbrealettres

Poésie

L’oubli (José-Maria de Hérédia)

Posted by arbrealettres sur 25 Mai 2016



Le temple est en ruine au haut du promontoire.
Et la Mort a mêlé, dans ce fauve terrain,
Les Déesses de marbre et les Héros d’airain
Dont l’herbe solitaire ensevelit la gloire.

Seul, parfois, un bouvier menant ses buffles boire,
De sa conque où soupire un antique refrain
Emplissant le ciel calme et l’horizon marin,
Sur l’azur infini dresse sa forme noire.

La Terre maternelle et douce aux anciens Dieux
Fait à chaque printemps, vainement éloquente,
Au chapiteau brisé verdir une autre acanthe ;

Mais l’Homme indifférent au rêve des aïeux
Ecoute sans frémir, du fond des nuits sereines,
La Mer qui se lamente en pleurant les sirènes.

(José-Maria de Hérédia)


Illustration: ArbreaPhotos

Une Réponse to “L’oubli (José-Maria de Hérédia)”

  1. Bouvier des minotaures
    ———

    C’est un bouvier farceur, un raconteur d’histoires,
    S’il va boire en taverne il est sur son terrain ;
    Le sang du charpentier dans sa coupe d’airain
    Fait glisser son esprit vers des rêves de gloire.

    L’aubergiste, pensif, regarde l’homme boire,
    Et la pendule dit son éternel refrain ;
    Aux tables on entend des blagues de marins,
    Car ce troquet n’est point le lieu des idées noires.

    Dionysos n’est pas loin, il a béni ce lieu,
    Accordant aux buveurs une langue éloquente,
    Même à celui qui lit des livres de brocante.

    Nul n’est indifférent au culte de ce dieu
    Qui seul nous réconforte au long des nuits sereines
    Et donne à la serveuse une voix de sirène.

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