Bourreaux ou frères (Ilarie Voronca)
Posted by arbrealettres sur 12 août 2016
Près de vos armes, hommes inflexibles,
Près de vos aigles dressés à déchirer les poumons
Des porteurs de flammes, voici mon ombre entre les montagnes inclinées
Attentivement vers la ville prise dans les menottes du pain.
Sachez que si vous me fouillez jusqu’aux entrailles
Ainsi qu’on le ferait d’un violon, afin d’y trouver le chant,
Ou d’un miroir, pour en arracher les images,
Jamais vous ne toucherez la vision qui demeure en moi:
Parmi le matin qui s’ouvre une artère
Avec la brume tombée au fond des éprouvettes,
Avec l’âme qui, dans la chair comme une camisole de force,
Se tord, s’écorche et voudrait se délivrer.
Et vous qui mordez la neige et vous mordez entre vous,
Comme des chiens au traîneau montant vers quel orage,
Bourreaux ou frères, me voilà – je marche parmi vous,
Et je ne sais ce que vous enfoncez dans mon épaule: poignard ou aile.
(Ilarie Voronca)
musnadjia423 said
A reblogué ceci sur musnadjia423wordpress.