RIDES (André Spire)
Posted by arbrealettres sur 9 novembre 2016
RIDES
Chère tête, te souviens-tu de nos jeunes soirées ?
Nous rêvions, la fenêtre ouverte.
Sur la route, grinçaient les brouettes
Des paysannes qui rentraient.
La chaîne du puits sonnait.
Et, du vieux mur, fleuri de valérianes roses,
Montaient, dans la lumière orange,
Le chant du merle et le cri des mésanges.
Nous la tenions dans nos paumes,
L’heure immobile, le sublime Présent,
Dans nos paumes moites de printemps tiède,
Et dans nos doigts entrelacés.
Mais je pensais :
Pauvre amie, ses cheveux vieillissent;
Toi, regardant un fil blanc sur ma joue,
Tu te disais : un jour, sa barbe sera blanche;
Moi, dans ta fossette pleine d’ombre,
Je voyais le pli invisible
Qui devait se creuser en ride.
Chère tête,
Par la fenêtre ouverte,
Monte le bruit des pas des paysans qui rentrent;
La chaîne du puits sonne comme tous les soirs;
Et, du vieux mur, fleuri de valérianes roses,
Montent dans la lumière orange,
Le chant du merle et le cri des mésanges.
Chère tête blanche,
Que je tiens ce soir dans mes mains plus lentes,
Je songe à tes cheveux dorés…
Tu songes à mon jeune visage…
Tes rides, je ne les vois plus.
(André Spire)
This entry was posted on 9 novembre 2016 à 8:36 and is filed under poésie. Tagué: (André Spire), barbe, brouette, chaîne, chant, cheveux, doré, entrelacé, fossette, grincer, jeune, lente, lumière, main, mésange, merle, paysan, paysanne, rêver, rides, se souvenir, songer, sonner, valériane, vieillir, visage. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, ou trackback from your own site.
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