Arbrealettres

Poésie

LE BAISER (François-Benoît Hoffmann)

Posted by arbrealettres sur 4 juillet 2017



 

 Illustration: Jean-Honoré Fragonard
    
LE BAISER

Sur le gazon, dans la prairie,
Lycas, au déclin d’un beau jour,
Demandait à sa douce amie
Le salaire de son amour.

Elle se tait : c’est faire entendre
Que son ami peut tout oser.
Lycas aimait d’amour bien tendre :
Il se contenta d’un baiser.

volupté, bonheur suprême !
Combien leurs cœurs furent émus !
Un baiser vaut mieux quand on aime
Que tout sitôt qu’on n’aime plus.

Couple charmant, dans ton délire.
Garde-toi bien de tout oser ;
Ce doux moment doit te suffire :
On est heureux par un baiser.

Mais plein du feu qui le dévore,
Lycas heureux et non content,
Se plaint, demande et veut encore.
Hélas ! nous en ferions autant.

De Chloris l’œil humide et tendre
Lui dit qu’il peut encore oser :
Mais cette fois ce qu’il sut prendre
Ne se nomme pas un baiser.

Depuis ce jour, j’entends la belle
Dire partout avec douleur,
Que son Lycas est infidèle,
Qu’il l’abandonne à son malheur.

Je plains l’ennui qui te dévore !
Mais, hélas ! pourquoi tout oser ?
Ton Lycas t’aimerait encore
S’il n’avait reçu qu’un baiser.

Et vous, si près d’une maîtresse
Vous sentez croître le désir,
Ah ! prolongez sa douce ivresse,
Sachez qu’attendre c’est jouir.

Malgré le feu qui vous dévore,
Gardez-vous bien de tout oser ;
Vous aimerez demain encore
Si vous n’obtenez qu’un baiser.

(François-Benoît Hoffmann)

 

Recueil: Poètes du Baiser
Editions: Société des Éditions LOUIS-MICHAUD

4 Réponses to “LE BAISER (François-Benoît Hoffmann)”

  1. Luciole said

    magnifiquement exprimé, le désir est fait d’attente!

  2. […] via LE BAISER (François-Benoît Hoffmann) — Arbrealettres […]

Qu'est-ce que ça vous inspire ?