Arbrealettres

Poésie

AMOURS NOUVELLES (Armand Silvestre)

Posted by arbrealettres sur 5 juillet 2017



Illustration: Anders Zorn
    
AMOURS NOUVELLES

Toi dont la grâce farouche
A si longtemps fui mon baiser.
Je voudrais laisser sur ta bouche
Toute mon âme s’épuiser.

Car j’ai bu, sur tes chères lèvres,
Plus d’ivresse en quelques instants,
Que n’en avaient rêvé, les fièvres
De mon désir meurtri longtemps.

Car jamais, dans d’autres étreintes,
A mes lèvres n’était monté
Comme de brûlantes empreintes.
Le feu par ton souffle apporté.

Car ton souffle qui me pénètre,
Et jusqu’à mon cœur descendu,
L’emplit du regret de ton être
Et brûle mon être éperdu.

Ah ! que n’ai- je, en cette heure pleine
D’amour et de bonheur ardents.
Laissé fuir ma dernière haleine
Avec mon âme entre tes dents !

Tes dents où mon désir se broie
Et pour qui mon amour est tel
Qu’il leur voudrait donner pour proie
Ton cœur dans un baiser mortel !

Ton ventre est un bijou d’ivoire
Ferme, clair, aux contours polis :
On dirait un monceau de lis
Figé dans un frisson de moire.

C’est la coupe où je voudrais boire
Le vin des éternels oublis ;
C’est le livre ouvert où je lis
Tout ce qui reste en ma mémoire.

Seul il ranime en mon cerveau
La vibrante image du Beau.
Je l’aime d’un amour farouche

Et, sur lui, dans un long baiser,
Mon désir voudrait épuiser
Les derniers souffles de ma bouche.

(Armand Silvestre)

 

Recueil: Poètes du Baiser
Editions: Société des Éditions LOUIS-MICHAUD

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