LE PAON SE PLAIGNAIT À JUNON (Jean de la Fontaine)
Posted by arbrealettres sur 9 août 2017
LE PAON SE PLAIGNAIT À JUNON
« Déesse, disait-il, ce n’est pas sans raison
Que je me plains, que je murmure:
Le chant dont vous m’avez fait don
Déplaît à toute la nature ;
Au lieu qu’un rossignol, chétive créature,
Forme des sons aussi doux qu’éclatants,
Est lui seul l’honneur du printemps.
Junon répondit en colère :
« Oiseau jaloux, et qui devrais te taire,
Est-ce à toi d’envier la voix du rossignol,
Toi que l’on voit porter à l’entour de ton col
Un arc-en-ciel nué de cent sortes de soies,
Qui te panades, qui déploies
Une si riche queue, et qui semble à nos yeux
La boutique d’un lapidaire ?
Est-il quelque oiseau sous les cieux
Plus que toi capable de plaire ?
Tout animal n’a pas toutes propriétés.
Nous vous avons donné diverses qualités :
Les uns ont la grandeur et la force en partage ;
Le faucon est léger, l’aigle plein de courage ;
Le corbeau sert pour le présage ;
La corneille avertit des malheurs à venir;
Tous sont contents de leur ramage.
Cesse donc de te plaindre ; ou bien, pour te punir,
Je t’ôterai ton plumage.»
(Jean de la Fontaine)
Lara said
Ramage et plumage ..tiens tiens ..:-))
Magnifique peinture
arbrealettres said
… le phénix des hôtes de ces bois … je te dis je la connais par coeur!! 😉
Cochonfucius said
Le seigneur Paon Chromatique
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Mon modeste plumage a des reflets dorés,
Souvent, dans mon regard, surgit une étincelle ;
Mon corps est un peu lourd, mais mon âme a des ailes,
Je vole en un jardin vivement coloré.
Ma muse chaque jour me taquine à son gré,
Car je suis indulgent pour tout ce qui vient d’elle ;
Même si mes chansons ne sont pas très nouvelles,
Elles viennent à point pour me revigorer.
Je rumine mes mots en parcourant la ville,
Puis je suis accueilli de façon fort civile
Par une tavernière aux aimables discours.
Pour mon coeur vieillissant qui rarement s’enflamme
Je me veux rassurant , ce sonnet je déclame,
Moi qui sais que la rime est mon dernier recours.