LES DIMENSIONS DU JOUR (I) (Lucien Becker)
Posted by arbrealettres sur 3 septembre 2017
Illustration: Alex Alemany
LES DIMENSIONS DU JOUR (I)
Les mots ont été créés pour qu’en fermant les yeux
je puisse venir à toi sans faire un mouvement.
Ta gorge s’éveille quand je l’appelle
d’une voix qui en connaît avant moi la forme.
Quand tu n’es pas à portée de mon regard,
quelques mots toujours pareils te remplacent.
Mais je puis aller jusqu’au bout de toi
sans en prononcer un seul.
Dans mon sommeil je te prépare
pour t’avoir plus nue chaque jour.
Je ne suis pas l’esclave de ce que je te dis
parce que chaque parole te délie de mon désir.
Mais ta bouche ordonne les mots dont j’ai besoin
pour être chaque matin dans la rue
l’homme qui va à son travail
avec une tête différente de celle des autres passants.
(Lucien Becker)
Recueil: Rien que l’amour
Editions: La Table Ronde
laboucheaoreille said
J’adore la première et encore plus la dernière strophe ! Subtil et profond, vraiment beau !
arbrealettres said
Un Bonheur d’avoir découvert ce poète 🙂
Merci de passer 🙂
Bon dimanche Marie-Anne 🙂
laboucheaoreille said
Oui, je vais regarder de plus près les écrits de ce poète, il mérite l’attention.
Bon dimanche Christian 🙂