La sagesse des verts (Marie Dauguet)
Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2017
Verts cendreux, flétris, effacés
Et qui niez l’intensité
De vivre, comme un coeur lassé
Epris d’ombre et de cécité,
Verts des mousses à la racine
D’un vieil érable desséché,
Sourds autant qu’un sanglot caché
Mourant au creux de la poitrine.
Nuance vraiment d’un mystique
Pénétrant, rappelant la fine
Tonalité des dalmatiques
Qu’un reflet de cierge satine.
Et verts, pourtant inconsolés
Sous le ciel d’hiver impassible,
Parlant de désirs immolés
Et de rêves inaccessibles
Ou que le réel étouffa…
Vert mélancolique et d’antan
Qu’ont les gourgouran de sopha
Ou les menuets chevrotants
Au fond du passé; verts des mousses
Qui parez cet arbre chancreux,
Vous scandez, accord qui s’émousse,
Un langage mystérieux.
Mais, ô paroles estompées,
J’ai saisi vos subtilités
Et je comprends vos mélopées
De tristesse et de volupté,
Verts cendreux, effacés, flétris
Et qui niez l’intensité
De vivre, comme un coeur épris
De néant et de cécité.
(Marie Dauguet)
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Cochonfucius said
Manoir des hommes verts
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Leurs noms sont inconnus, leur langue est un mystère,
Cependant, leur refuge est assez bien conçu :
Ils passent le plus clair de leur temps à se taire,
Que font-ils par ici, nul ne l’a jamais su.
Quand l’un d’entre eux voyage, il passe inaperçu,
C’est au bord de la route un marcheur solitaire ;
Il ne dit rien aux gens qui travaillent la terre,
En aucun domicile il ne sera reçu.
De ces verts inconnus que tu ne peux entendre,
Sache-le, cher lecteur, tu ne dois rien attendre ;
Rien ne t’arriverait si tu suivais leurs pas.
Mais j’entendis l’un d’eux parler aux hirondelles
Qui des murs du manoir sont les hôtes fidèles ;
À ce qu’il m’a semblé, l’oiseau ne comprit pas.
Cochonfucius said
Monstre au sang vert
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Du cosmos il voudrait explorer les mystères,
Je lui dis que sans doute il en serait déçu ;
Il me conseille alors de bien vouloir me taire,
Car d’un sujet pareil je n’ai jamais rien su.
Il peut malaisément passer inaperçu,
Lui qui visiblement est exoplanétaire ;
Cet être, toutefois, se sent chez lui sur Terre,
Dont certains habitants l’ont d’ailleurs bien reçu.
Sur ses faits amoureux je ne veux pas m’étendre,
Je les prise fort peu, tu pouvais t’y attendre ;
Mais je suis indulgent pour ses quelques faux pas.
Je ne l’ai jamais vu séduire une hirondelle,
Aucune n’a pensé qu’il pût être fidèle ;
Que cela leur importe, il ne le comprend pas.