Aimée (Zéno Bianu)
Posted by arbrealettres sur 24 novembre 2017
Illustration: Josephine Wall
aimée
moissonne la coulée en toi
aimée d’un plus-que-souffle
la veine bat sur l’aurore
c’est toi-même à fleur de soi
à l’envers dans le temps
à l’envers dans le blanc
aimée d’un toujours-ciel
disparue sitôt surgie
disparue
ouvre le visage
qui meurt de vie
qui meurt de nuit
stations du lointain souffert
tes mains s’offrent
pour trouver
les pierres de monde
aimée
projette l’ombre
du paradis
où finit le ciel
c’est ta prière qui voit
c’est ton bleu
qui se noie
aimée
tu pleus toute parole
en gouttes de nuit
quelque chose
on ne sait où
sans répit sans repos
dans la pulpe du je t’aime
aimée de pur désert noir
ta nuit vient
plus vive que neige
meurs l’oubli
tiens la foudre
en haleine
laisse le temps
s’effondrer
dans ta blessure
aimée
moissonne le monde en nous
éveille les noms
qui s’agrippent aux étoiles
au feu qui forge la joie
l’ébloui n’est pas oubli
la chute tremble de vie
enroulée
dans la signature du vide
en attente pure
nul fond nulle fin
quand saigne la présence
(Zéno Bianu)
Recueil: Infiniment proche
Editions: Gallimard
Qu'est-ce que ça vous inspire ?