L’INSTANT (Jorge Luis Borges)
Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2017
L’INSTANT
Mais où sont-ils passés, les siècles et les rois?
Et l’herbe exterminée aux sabots du barbare,
Et les sabots exterminants? et la cithare
Héroïque, et l’arbre d’Adam, et l’autre Bois?
Seul est vrai le présent, ce désert. La mémoire
Bâtit le temps. L’horloge et le calendrier
Ont la succession et le dol pour métier.
L’année est simulacre aussi bien que l’histoire.
Entre l’aube et la nuit un abîme d’efforts
S’ouvre, et de soins et de lumières et de morts;
Faussement il se croit le même, ce visage
Qui se cherche aux miroirs fatigués de la nuit.
Pas d’autre ciel, et d’autre enfer pas davantage,
Que la mince seconde à tout jamais qui fuit.
(Jorge Luis Borges)
Recueil: L’or des tigres
Traduction: Ibarra
Editions: Gallimard
This entry was posted on 7 décembre 2017 à 5:12 and is filed under méditations, poésie. Tagué: (Jorge-Luis Borges), abîme, Adam, arbre, aube, barbare, bâtir, ciel, cithare, davantage, désert, dol, effort, enfer, exterminé, fatigue, fuir, herbe, histoire, instant, lumière, mémoire, mince, miroir, mort, nuit, roi, sabot, se croire, seconde, siècle, simulacre, soin, succession, temps, visage. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, ou trackback from your own site.
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