Arbrealettres

Poésie

Mers écarlates (Luis Cernuda)

Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2017



Illustration
    
Mers écarlates

Un gémissement mollusque
Ne semble d’aucune importance ;
Mais de nuit un gémissement c’est les vagues
De marbre enflammé,
Corolles fatiguées
Ou lascives colonnes.

Un gémissement n’est rien ; ce sont les mers
Couronnées d’automne
Face à la porte sèche, comme un lit de fleuve
Oublié de tous,
Sa douleur contre un mur.

Un cri pourrait avoir peut-être plus de charme,
Avec le manteau écarlate,
Avec la poitrine écarlate.

Ce sont les mers, les mers en crue
Traversant des villes fumantes.

***

Un gemido molusco

Parece nada de importancia;
Mas de noche un gemido son las olas
De mármol encendido,
Corolas fatigadas
O lascivas columnas.

Un gemido no es nada; son los mares
Coronados de otoño
Ante la puerta seca, como cauce
Olvidado de todos,
Su dolor contra un muro.

Un grito acaso pueda ofrecer más encantos,
Con el manto escarlata,
Con el pecho escarlata.

Son los mares, los mares desbordados
Que atraviesan ciudades humeantes.
Mares escarlata

(Luis Cernuda)

 

Recueil: Un fleuve, un amour
Traduction: Jacques Ancet
Editions: Fata Morgana

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