Ô sources que le gel éternise en statues
Bourgeons d’étoiles tôt venus
Hautes forêts taillées dans l’écume et les flammes
Oiseaux
Quel oeil hideux vous a pris dans sa glu
Tout glisse lentement sur le dos de la terre
Les bouches sont fermées par une moue sévère
Les torrents ont figé le rire des moissons
La mer ne porte plus ses peaux et ses chansons
Je marche dans la rue où ne répond personne
Détachez de la nuit cette cloche qui sonne
Un homme jeune encore roule dans les taillis
Pour nous
C’est ça la vie
Des bras où rien ne brise
Un feu noir allumé
Le soleil sans sa frise
Et dans le vent léger les cendres d’un ami
Une main douce main
Pour éponger mon coeur.
(René Guy Cadou)
Recueil: Poésie la vie entière
Traduction:
Editions: Seghers
Dessiner un cercle fragile
dans l’air ou dans l’eau
poser un doigt sur les lèvres
adoucir la foi
poser une main sur le coeur
te répondre sincèrement :
ne rien répondre
ne rien souhaiter
défendre ta main étrangère
les bras ouverts
défendre les faibles
avec confiance
répondre aux forts
avec confiance
les forts et les faibles
qui ont tous des mains étrangères
qui ont tous des mains étrangères
elles bougent lentement et s’échangent
les faibles et les forts
te répondre sincèrement
dessiner un cercle
dans l’air ou dans l’eau
(Inger Christensen)
Recueil: HERBE
Traduction: Janine et Carl Poulsen
Editions: Atelier La Feugraie
plus que n’importe qui sur terre et je
t’adore mieux que tout ce qui est aux cieux
—soleil et chants se déroulent sur ta route
bien que l’hiver puisse partout se répandre
avec un tel silence et une telle ombre
nul ne peut commencer à deviner
(sauf ma vie)le vrai moment de l’ année—
et si pouvait ce qui se croit un monde
par chance ouïr de tels chants(ou entrevoir un
tel soleil faisant plus que haut des bonds
dans le coeur d’un plus fou que fou de joie
quand tu approches)sûr que tous voudraient(ma
si belle chérie)sauf en l’amour ne croire en rien
***
i love you much (most beautiful darling)
more than anyone on the earth and i
like you better than everything in the sky
—sunlight and singing welcome your coming
although winter may be everywhere
with such a silence and such a darkness
noone can quite begin to guess
(except my life) the true time of year—
and if what calls itself a world should have
the luck to hear such singing (or glimpse such
sunlight as will leap higher than high
through gayer than gayest someone’s heart at your each
nearness) everyone certainly would (my
most beautiful darling) believe in nothing but love
(Edward Estlin Cummings)
Recueil: 95 poèmes
Traduction: Jacques Demarcq
Editions: Points
reste avec ton amour sur la terre finissante—
et tandis qu’une(d’immense quoi en quoi plus immense
qu’immense)mer devient qui s’éneigeant bondissante
suppose qu’on ne puisse aimer,chérie;imagine
que nous soyons comme vivants non ni morts tous ces
(ou comme plusieurs milliers de coeurs rêvent et n’avancent
ou comme plusieurs millions d’esprits dorment et s’agitent)
grains d’un sable aveugle,à la grâce impitoyable
du temps du temps du temps du temps
—oh oui quelle chance avons toi et moi d’habiter
l’intemporel:nous qui descendus en flânant
des odorantes montagnes d’éternel à-présent
batifolons parmi des mystères tels que naître
et mourir un jour(ou même moins peut-être)
(Edward Estlin Cummings)
Recueil: 95 poèmes
Traduction: Jacques Demarcq
Editions: Points
à présent(plus près de nous-mêmes que nos)
est à chanter dans un arbre un oiseau,
qui le même air ne chante jamais deux fois
et pourtant cette chanson est toujours sa
l’oreille voit mieux que ne devinent les yeux
et jamais soi ne vécut plus joyeux;
si terre et ciel en deux se séparaient
il les réunirait(son chant si vrai)
lui qui chante pour toi pour moi et pour nous
pour chaque feuille plus nouvelle qui s’ouvre:
et pour son coeur(son amour)sa chérie
il chante afin que partout soit ici
(Edward Estlin Cummings)
Recueil: 95 poèmes
Traduction: Jacques Demarcq
Editions: Points
l’inamour est l’enfer sans cieux:foyer sans flamme
des ombres connaissables(et qui rattrapent sur l’heure
chacun des riens que tout fantôme sans âme proclame
substance;et toute apparition sans coeur,bonheur)
les amants seuls vêtent la lumière. Vérité pleine
que matière ne recèle;que cerveau ne révèle
(plus que toute mort vivante et que toute vie mourante)
et qui jamais n’a été ni ne sera dite
seulement se chante—et les amants en sont le chant.
Ici(juste ici)est la liberté:toujours ici
nul après d’hiver ne vaut l’A présent printemps;
un jour d’avril transcende une année de novembre
(telle est l’éternité sans jusqu’à où finir
qu’à jamais j’ai deux fois vécu en un sourire)
***
unlove’s the heavenless hell and homeless home
of knowledgeable shadows(quick to seize
each nothing which all soulless wraiths proclaim
substance;all heartless spectres,happiness)
lovers alone wear sunlight. The whole truth
not hid by matter;not by mind revealed
(more than all dying life,all living death)
and never which has been or will be told
sings only–and all lovers are the song.
Here(only here)is freedom:always here
no then of winter equals now of spring;
but april’s day transcends november’s year
(eternity being so sans until
twice i have lived forever in a smile)
(Edward Estlin Cummings)
Recueil: 95 poèmes
Traduction: Jacques Demarcq
Editions: Points
chérie)que notre
naissance est le parce que d’un
pourquoi mais notre destin
de croître(se rappeler
cela ma douce)non
seulement
partout où les étoiles et le soleil et
la
lune
sont nous sommes;mais
aussi bien
nulle part
***
but also dying
(as well as
to cry and sing,
my love
and wonder)is something
you have and i
’ve been
doing as long as to
(yes)forget(and longer
dear)our
birth’s the because of a
why but our doom is
to grow(remember
this my sweet)not
only
wherever the sun and the stars and
the
moon
are we’re;but
also
nowhere
(Edward Estlin Cummings)
Recueil: 95 poèmes
Traduction: Jacques Demarcq
Editions: Points
Au temps des jonquilles (Edward Estlin Cummings)
Posted by arbrealettres sur 31 janvier 2018
au temps des jonquilles(au courant
que l’on vit pour devenir grand)
oubliant pourquoi,rappelle-toi comment
au temps des lilas qui conseillent
c’est afin de rêver qu’on veille
rappelle-toi tellement(oubliant pareil)
au temps des roses(qui stupéfient
notre ici maintenant de paradis)
oubliant les mais,rappelle-toi les oui
au temps de ces choses bien plus douces
que tout ce qui à l’esprit touche
rappelle-toi chercher(oubliant qu’on trouve)
et dans un mystère qui sera
(quand le temps du temps nous délivrera
m’oubliant,rappelle-toi de moi
***
in time of daffodils(who know
the goal of living is to grow)
forgetting why,remember how
in time of lilacs who proclaim
the aim of waking is to dream,
remember so(forgetting seem)
in time of roses(who amaze
our now and here with paradise)
forgetting if,remember yes
in time of all sweet things beyond
whatever mind may comprehend,
remember seek(forgetting find)
and in a mystery to be
(when time from time shall set us free)
forgetting me,remember me
(Edward Estlin Cummings)
Recueil: 95 poèmes
Traduction: Jacques Demarcq
Editions: Points
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