Arbrealettres

Poésie

L’aveugle de l’aube (Joë Bousquet)

Posted by arbrealettres sur 10 février 2018



 Illustration: Carle Van Loo  
    
L’aveugle de l’aube

Beau monde où la lumière est la parabole du don de chair
Pensée du monde où je passe enveloppé de ce qui pense
Tout s’oublie le réel est ce qu’on ne peut oublier
Il ne voulait qu’éveiller tout entre ses bras grandir dans ce qui le liait à son vœu
Les images ont fait la lumière plus seule et le vent et les jours

Je ne suis presque rien je suis ce qui me perd
Tombe pour devenir la main qui te retient
l’homme naît de rêver qu’il ne se connaît pas
Une femme est passée elle devient sont rêve
Rend à l’homme une chair en se prenant pour lui

La nuit a froid
Il est le jour d’avant ses yeux où son regard fit son asile
l’amour de son amour durera sans le voir
Sous tant de chants la même étreinte avec l’oubli la même absence

Il est ce qui la voit comme un espoir dont ce qu’il vit serait l’épreuve
Ton être a choisi ton malheur pour demeurer en toi
L’amour s’unit à ton amour t’écrase avec ce que tu es s’emplit d’un espoir d’outre-tombe
Qui t’enterre en se déterrant

Le son des cloches et l’aurore
et l’oiseau du froid dans ton souffle
entre les ailes de ton souffle
et qu’il soit plus près de toi que ton cœur

Ce que l’aurore a traversé entre les feuilles
et les eaux tous les fantômes des caresses
quand mon regard devient la chair de ce qu’il aime
et que rien ne lui ment

Mon cœur est enterré dans ce qui les éloigne
comme il a sa prison dans ce qui lie les jours
Femme je crie vers toi à travers ce qui passe
pour que mon corps soit mon secret comme le tien

(Joë Bousquet)

 

 

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