Cette tendresse (Julio Cortázar)
Posted by arbrealettres sur 11 février 2018
Cette tendresse et ces mains libres,
à qui les donner sous le vent ? Tant de blé
pour la renarde et au milieu de l’appel
l’anxiété de cette porte ouverte pour personne.
Nous avons fait du pain très blanc
pour des bouches déjà mortes qui n’acceptaient
qu’un croissant de lune et le thé
froid de la veillée à l’aube.
Nous avons joué des instruments pour la colère aveugle
des ombres et des chapeaux oubliés. Nous sommes restés
avec les présents disposés autour d’une vaine table
et nous avons bu du cidre chaud
dans la honte de minuit.
Alors, personne ne veut ça,
personne ?
***
Esta ternura
Esta ternura y estas manos libres,
¿a quién darlas bajo el viento? Tanto arroz
para la zorra, y en medio del llamado
la ansiedad de esa puerta abierta para nadie.
Hicimos pan tan blanco
para bocas ya muertas que aceptaban
solamente una luna de colmillo, el té
frío de la vela la alba.
Tocamos instrumentos para la ciega cólera
de sombras y sombreros olvidados. Nos quedamos
con los presentes ordenados en una mesa inútil,
y fue preciso beber la sidra caliente
en la vergüenza de la medianoche.
Entonces, ¿nadie quiere esto,
nadie?
(Julio Cortázar)
Traduction: Silvia Baron Supervielle
Editions: José Corti
Luciole said
La bonté ne se perd jamais, il en reste toujours quelque chose à quelque part.
arbrealettres said
Donner comme .. le Soleil 😉