Arbrealettres

Poésie

Au temps des donjons (Robert Desnos)

Posted by arbrealettres sur 20 février 2018



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Au temps des donjons

As-tu déjà perdu le mot de passe?

Le château se ferme et devient prison,
La belle aux créneaux chante sa chanson
Et le prisonnier gémit dans l’in pace.
Retrouveras-tu le chemin, la plaine,
La source et l’asile au coeur des forêts,
Le détour du fleuve où l’aube apparaît,
L’étoile du soir et la lune pleine?
Un serpent dardé vers l’homme s’élance,
L’enlace, l’étreint entre ses anneaux,
La belle soupire au bord des créneaux,
Le soleil couchant brille sur les lances,
L’âge sans retour vers l’homme jaillit,
L’enlace, l’étreint entre ses années.
Amours! Ô saisons! Ô belles fanées !
Serpents lovés à l’ombre des taillis.

(Robert Desnos)

Illustration: ArbreaPhotos

3 Réponses vers “Au temps des donjons (Robert Desnos)”

  1. Donjon de Fulbert
    ——–

    Abélard dans la tour donne quelques leçons,
    D’Héloïse le coeur ne peut alors se taire ;
    Découvrant avec lui de savoureux mystères,
    Elle se prête à lui, sans faire de façons.

    Il faudra du malheur pour payer ce frisson,
    Tristement prendra fin leur séjour à Cythère ;
    L’un et l’autre vivront alors en solitaires,
    Sans regretter d’avoir vibré à l’unisson.

    D’amertume tu dois accepter le calice,
    Car Fulbert a voulu te punir d’un supplice,
    Ce chanoine oubliant son Nouveau Testament.

    Ainsi, tu fus l’objet de cette forfaiture,
    Héros malencontreux de ce sombre roman ;
    Mais tu as su trouver refuge en l’Écriture.

    • Perdition
      —–

      La forteresse périra,
      Elle qui cultivait le vice ;
      Le garde pendant son service
      Un autre garde frappera.

      Ils seront mangés par les rats,
      Par des rongeurs à courtes cuisses ;
      Nul n’ira se planquer en Suisse,
      Tous seront dans de mauvais draps.

      Ainsi finira votre histoire ;
      Vous n’eûtes rien de méritoire,
      Puis vous vous êtes trop vantés.

      Vous serez dispersés dans l’onde
      La plus froide, la plus profonde ;
      Moi je bois à votre santé.

  2. Donjon des confins
    ————–

    La salle est éclairée par quatre candélabres,
    Où nous dormons, lisons, bavardons et mangeons ;
    À partir vivre ailleurs jamais nous ne songeons,
    Même si du donjon l’atmosphère est macabre.

    Dans notre armurerie s’empoussièrent les sabres,
    Jamais en en un combat nous ne nous engageons ;
    Les corvées d’entretien, nous nous en déchargeons,
    Nous n’intervenons point sur ce qui se délabre.

    Maigres sont, cette année, les vendanges d’octobre,
    Mais cette pénurie ne nous rendra pas sobres ;
    Nous aurons d’autres vins dans nos coupes d’argent.

    Et qu’importe, après tout, que ce lieu soit lugubre,
    Que trouble soit son eau et son air insalubre ?
    Rien ne nous servirait d’être trop exigeants.

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