DERNIÈRES VOLONTÉS (Hans Magnus Enzensberger)
Posted by arbrealettres sur 3 avril 2018
Illustration: Otto Dix
DERNIÈRES VOLONTÉS
Ôtez donc de mon visage ce drapeau : ça me chatouille !
Ensevelissez dedans mon chat ensevelissez-le là-bas
où se trouvait mon jardin chromatique.
Ôtez donc de ma poitrine cette couronne de fer-blanc :
ça bat la breloque !
Foutez-la sur le stock de statues en vrac
et donnez les rubans aux putains qu’elles s’en parent.
Dites des prières au téléphone mais coupez le fil,
ou bien enveloppez-les dans un mouchoir avec des miettes de pain
et jetez-les dans l’étang à ces crétins de poissons.
Que l’évêque reste chez lui et se soûle
Qu’on lui donne un barillet de rhum,
prêcher donne soif.
Et fichez-moi la paix avec vos monuments et vos huit reflets !
de ce beau marbre pavez une ruelle inhabitée
une ruelle pour oiseaux.
(Hans Magnus Enzensberger)
Traduction: Maurice Regnaut et Roger Pillaudin
Editions: Gallimard
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