Archive for 5 avril 2018
Posted by arbrealettres sur 5 avril 2018

Illustration
BILL
I
C’était le fils de la terre, et avant et après tout
Le rêve entier de son coeur aurait été sien, s’il avait été sage,
Ayant espace et lumière le nourrissant par les yeux,
Mais par le don des langues le fils fut maudit.
Il avait vite pillé la lumière des étoiles
Et pris des arbres le vent; de l’amour, de la mort
Il a fièrement fait un schibboleth stérile,
Assourdi, il oublia ce qu’était le silence.
Alors il découvrit que le silence avait un Nom,
Que la lumière des étoiles lui montrait un visage,
Il trouva à nouveau le vent dans l’herbe et la feuille, et Elle
Comme des ailes argentées sans fin qui respirent et battent
Plus lourdes et réelles que la musique, ou qu’une flamme
D’étoile lumineuse, et il se tait, étant avec elle.
***
BILL I
Son of earth was he, and first and last
His heart’s whole dream was his, had he been wise,
With space and light to feed it through his eyes,
But with the gift of tongues he was accursed.
Soon he had refs the starlight from the stars
And wind from trees he took, of love and death
He proudly made a sterile shibboleth,
‘Till deafened, he forgot what silence was.
Then he found that silence held a Name,
That starlight held a face for him to see,
Found wind once more in grass and leaf, and She
Like silver ceaseless wings that breathe and stir
More grave and true than music, or a flame
Of starlight, and he’s quiet, being with her.
(William Faulkner)
Recueil: Hélène: ma cour
Traduction: Michèle Plâa et Philippe Blanchon
Editions: La Nerthe
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Posted in poésie | Tagué: (William Faulkner), aile, amour, arbre, argenté, étoile, battre, coeur, découvrir, don, entier, espace, feuille, fièrement, fils, flamme, herbe, langue, lourd, lumière, lumineux, maudit, mort, musique, nom, nourrir, piller, réel, rêve, respirer, sage, se taire, silence, terre, vent, visage, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 5 avril 2018

Du calme, vieux fou: ce n’est pas pour toi.
Quelque part c’est le printemps avec du vert et de l’or pur
Et cruel avril ensemencé par une vallée encaissée,
Quelque part l’amère lune décroissante pâlit
Et le jour de colline en colline s’éveille dans un froid féroce.
Sur la terre déjà alerte et pleine de vent et de soleil
Où les printemps refécondent leur mouvement vernal,
Où je dors maintenant, je gis et m’accroche,
Mais sauvage la terre qui m’abrita à mes vingt et un ans.
Quelque part une lune croissante qui ne me trouvait pas
Priva ensuite du bleu les jardins sans vent,
Quelque part une verte blessure perdue (mais c’est mieux
Qu’un accablement totalement oublié)
Quelque part une jeunesse, une bouche charmante à embrasser…
***
Somewhere is spring with green and simple gold
And cruel April spawned by loined vale,
Somewhere the dying bitter moon grows pale
And day from hill to hill wakes fie ry-cold.
In earth yet quicked and filled by wind and sun
Where springs rewomb their vernal gesturing,
Where I now sleep, I closer lie and cling,
But wild were earth housed me at twenty-one.
Somewhere a moon that waxed and found me not
Then waned the windless gardens of the blue,
Somewhere a lost green hurt (but better this
Than in rich desolation long forgot)
Somewhere is youth, a grave sweet mouth to kiss —
Still, you fool, lie still: that’s not for you.
(William Faulkner)
Recueil: Hélène: ma cour
Traduction: Michèle Plâa et Philippe Blanchon
Editions: La Nerthe
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Posted in poésie | Tagué: (William Faulkner), abriter, accablement, alerte, amer, avril, blessure, bleu, bouche, calme, charmant, colline, croître, cruel, embrasser, féroce, froid, gésir, jardin, jeunesse, jour, lune, or, oublié, pâlir, perdu, plein, printemps, priver, pur, quelque part, s'accrocher, s'éveiller, sauvage, soleil, terre, vallée, vent, vernal, vert, vieux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 5 avril 2018

Illustration: ArbreaPhotos
DÉCEMBRE: A ELISE
Où s’est envolé le printemps qu’ensemble avons connu?
Les branches de l’an dernier sont stériles;
Mais j’ai vu tes mains saisir le temps hivernal
Et en lisser la pluie, et le laisser limpide.
Si de l’arbre assoupi ces feuilles brunes et tristes,
Si seulement les regrets se noyaient au départ du printemps,
Il n’y aurait plus chaque jour qui s’égoutte et pleure
Une année vide et amère dans mon coeur.
Dans l’hiver de mon coeur tu étais un arbre en bourgeons,
Et le printemps semblait encore plus doux, venant tard;
Tu étais le vent qui poussa le printemps jusqu’
Un jardin désolé.
Tu étais tout le printemps, et mai et juin
Verdirent plus radieux dans ta chair, mais maintenant
La pluie assombrit l’année, et morts le soleil et la lune,
Et le monde entier est noir, Ô beauté.
***
DECEMBER: TO ELISE
Where has flown the spring we knew together?
Barren are the boughs of yesteryear;
But I have seen your hands take wintry weather
And smoothe the rain from it, and leave it fair.
If from sleep’s tree these brown and sorry leaves,
If but regret could drown when springs depart,
No more would be each day that drips and grieves
A bare and bitter year within my heart.
In my heart’s winter you were budding tree,
And spring seemed all the sweeter, being late;
You the wind that brought the spring to be
Within a garden that was desolate.
You were all the spring, and May and June
Greened brighter in your flesh, but now is dull
The year with rain, and dead the sun and moon,
And all the world is dark, O beautiful.
(William Faulkner)
Recueil: Hélène: ma cour
Traduction: Michèle Plâa et Philippe Blanchon
Editions: La Nerthe
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Posted in poésie | Tagué: (William Faulkner), amer, année, arbre, assombri, assoupi, beauté, bourgeon, branche, brun, chair, coeur, connaître, décembre, départ, désolé, doux, ensemble, envoler, feuille, hivernal, jardin, jour, laisser, limpide, lisser, lune, main, mort, noir, pleurer, pluie, pousser, printemps, radieux, regret, s'égoutter, saisir, se noyer, soleil, stérile, tard, temps, triste, venir, vent, verdir, vide | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 5 avril 2018

Illustration: Alexandra Guy
Il a suffi
qu’on les nomme pour qu’elles s’obscurcissent
étrangères soudain, exténuées
par le poids des signes
elles avaient grandi pourtant
côte à côte, tissant leurs fils imperceptibles
sur l’étendue
les choses
de chaque jour, fidèles
équanimes
avant que les mots
s’interposent, les mots et leur mortelle exactitude.
(Claude Esteban)
Recueil: La mort à distance
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Claude Esteban), équanime, étendue, étranger, côte-à-côte, chose, exactitude, exténué, fidèle, fil, grandir, imperceptible, jour, mortel, mot, nommer, poids, s'interposer, s'obscurcir, signe, soudain, suffire, tisser | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 5 avril 2018

Aujourd’hui, c’est un envol de libellules
qui devient nuage
et le nuage
un tourbillon de pollens
tout est si libre, si
léger, j’existe à peine
je m’abandonne sans défense
à l’esprit de l’air.
(Claude Esteban)
Recueil: La mort à distance
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Claude Esteban), abandonner, air, aujourd'hui, à peine, défense, devenir, envol, esprit, exister, léger, libellule, libre, nuage, pollen, tourbillon | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 5 avril 2018

Illustration: Gao Xingjian
J’ai cru qu’on m’appelait
par mon nom
qu’on me tendait une main, mais
c’était moi, marchant
avec moi
nulle part au monde.
(Claude Esteban)
Recueil: La mort à distance
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 5 avril 2018

Quelque part, on frappe à une porte
et l’on sait déjà
qu’elle ne s’ouvrira
jamais plus, quelque part
un homme se réveille et découvre
que par-delà ses rêves
il ne reste rien, puis
se rendort, quelque part une fleur
monte vers le soleil
mais elle est si petite qu’un insecte
s’en empare et qu’il piétine
sa couleur
quelque part, c’est un autre
qui cherche des mots pour le dire
qui sait déjà que tout
est écrit.
(Claude Esteban)
Recueil: La mort à distance
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 5 avril 2018

Illustration: Ron Mueck
J’ai dit, je me souviens, que je n’en pouvais plus
de tout le malheur du monde
et je ne savais rien encore, je parlais
pour moi
cette effigie de cire, ces mains
rigides sur le drap, ce n’était pas assez
il fallait que le cri
traverse, de part en part, l’espace
et que je l’entende, que je voie
tout le sang versé.
(Claude Esteban)
Recueil: La mort à distance
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 5 avril 2018

Pas un refuge
pour reprendre haleine, pour
dresser contre le vide
un mur
souffrir, ne plus
souffrir, les contraires maintenant
s’annulent
l’air
attaque avec ses couteaux.
(Claude Esteban)
Recueil: La mort à distance
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 5 avril 2018

Qui s’inquiète
d’un oiseau et qu’il saute d’une branche
à l’autre, qui s’étonne des mille parcours
d’une fourmi
on passe, on déchire
sans le savoir le tissu de l’être
et les apparences
vacillent, le sol vient à manquer.
(Claude Esteban)
Recueil: La mort à distance
Traduction:
Editions: Gallimard
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