La vache (Sergueï Essénine)
Posted by arbrealettres sur 6 avril 2018
La vache
Vieille, avec sa bouche édentée,
Les ans enroulés à ses cornes.
Sur la route qui mène aux champs,
Le vacher la brutalisait.
Son coeur est sourd à tout chahut :
Les souris grattent dans un coin.
Elle pense — son âme est triste —
Aux pattes blanches de son veau.
Plus de fils pour cette mère.
Première joie : nul profit.
Sur un pieu dessous le tremble,
Sa peau ondule à la brise.
Et dans le champ de sarrasin,
Avec son fils même destin,
On jettera un licol à son cou
Et on la conduira pour l’abattage.
Plaintive et triste et décharnée,
Cornes seront fichées en terre…
Elle rêve d’un blanc bocage,
D’un beau et riche tapis d’herbe.
***
(Sergueï Essénine)
Recueil: Poèmes 1910-1925
Traduction:
Editions: La Barque
Traduction:
Editions: La Barque
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