Moi, je cherche les cieux (Hilda Doolittle)
Posted by arbrealettres sur 22 juin 2018
La floraison du bâton
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Ainsi je préférerais me noyer, en me souvenant —
que me dorer sur des atolls tropicaux
dans les mers de corail ; je préférerais me noyer,
en me souvenant — que me poser sur une branche de pin
ou de sapin là où les grandes étoiles déversent
leur force génératrice, Arcturus
ou les saphirs de la Couronne Boréale ;
je préférerais me battre dans le vent, criant aux autres :
à vous ces cercles ridicules,
à vous ces tournoiements insensés
encore et sans fin — ils sont sans raison —
moi, je cherche les cieux ;
votre voie n’a pas de vision,
je vois ce qui est au-dessous, ce qui est au-dessus,
ce qui selon les hommes n’est-pas — je me souviens,
me souviens, me souviens — vous avez oublié,
vous pensez, avant même son milieu
que votre cycle est à sa fin,
mais vous répétez vos cercles ridicules — encore, encore ;
encore, l’acier aiguisé sur la pierre ;
encore, les pyramides de crânes ;
j’ai voulu avoir pitié des morts,
ô blasphème, la pitié est une pierre au lieu de pain,
seul l’amour est sacré et l’amour est extase
qui tourne et tourne et tourne autour d’un centre,
insouciant, indifférent, aveugle à la réalité,
qui sait que les Îles des Bienheureux sont là,
car il n’y a grandes eaux qui puissent éteindre le feu de l’amour.
***
So I would rather drown, remembering—
than bask on tropic atolls
in the coral-seas; I would rather drown
remembering—than rest on pine or fir-branch
where great stars pour down
their generating strength, Arcturus
or the sapphires of the Northern Crown;
I would rather beat in the wind, crying to these others:
yours is the more foolish circling,
yours is the senseless wheeling
round and round—yours has no reason—
I am seeking heaven;
yours has no vision,
I see what is beneath me, what is above me,
what men say is-not—I remember,
I remember, I remember—you have forgot:
you think, even before it is half-over,
that your cycle is at an end,
but you repeat your foolish circling—again, again, again;
again, the steel sharpened on the stone;
again, the pyramid of skulls;
I gave pity to the dead,
O blasphemy, pity is a stone for bread,
only love is holy and love’s ecstasy
that turns and turns and turns about one centre ,
reckless, regardless, blind to reality,
that knows the Islands of the Blest are there,
for many waters can not quench love’s fire.
(Hilda Doolittle)
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