Archive for juillet 2018
Pourquoi vivre au cœur de ces vertes montagnes? (Li Po)
Posted by arbrealettres sur 31 juillet 2018
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La fleur de la carotte sauvage (Yamaguchi Sodô)
Posted by arbrealettres sur 31 juillet 2018

Qui se soucie de regarder
La fleur de la carotte sauvage
Au temps des cerisiers?
(Yamaguchi Sodô)
Posted in haïku, poésie | Tagué: (Yamaguchi Sodô), carotte, cerisier, fleur, regarder | 6 Comments »
Et quand viendra le jour du dernier voyage (Antonio Machado)
Posted by arbrealettres sur 31 juillet 2018
Et quand viendra le jour du dernier voyage,
quand partira la nef qui jamais ne revient,
vous me verrez à bord, et mon maigre bagage,
quasiment nu, comme les enfants de la mer.
(Ces vers sont gravés sur sa tombe à Collioure.)
(Antonio Machado)
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Paysages (Émile Henriot)
Posted by arbrealettres sur 31 juillet 2018
Paysages
J’aime les frais matins peuplés de tourterelles,
Les ciels purs et lavés comme des aquarelles,
L’azur, tout ce qui chante et tout ce qui sourit,
L’humble lilas qui s’ouvre et doucement fleurit,
L’oiseau comme un désir posé de branche en branche,
Et, dans un jardin clair, avec sa robe blanche,
Une rose au corsage ainsi qu’un cœur de feu,
Légère, et douce à voir, quelque enfant à l’œil bleu
Qui rêve, et longuement presse contre sa bouche
Une autre rose rouge et dont l’odeur la touche.
(Émile Henriot)
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LA FEMME AGEE (Martine Hadjedj)
Posted by arbrealettres sur 31 juillet 2018
LA FEMME AGEE
Autrefois, j’étais belle, j’attirais les regards,
Sur mon glorieux passage, les hommes se retournaient,
Le monde et ses égards, oui, tout m’appartenait,
A présent, je suis vieille, j’ai perdu mon pouvoir.
J’ai reçu bien des roses ; leurs épines m’ont blessée,
Après les jours heureux suivaient les nuits glaciales,
J’ai affronté déserts, tempêtes, et chacals,
Et sans jamais plier, j’ai lutté, supporté.
Mais tous ces coups du sort, reçus en pleine face,
En laissant sur ma peau, d’indélébiles traces,
Ont fortifié mon âme, comme un muscle qui travaille.
Elle devenait plus belle, après chaque bataille.
Et vous tous qui pensez, sa beauté s’est fanée,
Emportée par le temps, eh bien vous vous trompez,
Car de cette sombre pierre qu’était mon cœur, avant,
Les intempéries de la vie en ont fait un diamant.
Derrière mes yeux, délavés par tant de larmes versées,
Et mes paupières ridées, usées par les tourments,
Se cache mon âme ; regardez-la, et vous verrez,
Comme je suis belle, bien plus belle… qu’à vingt ans !
(Martine Hadjedj)
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La vie, c’est comme une dent (Boris Vian)
Posted by arbrealettres sur 31 juillet 2018

La vie, c’est comme une dent
La vie, c’est comme une dent
D’abord on n’ y a pas pensé
On s’est contenté de mâcher
Et puis ça se gâte soudain
Ça vous fait mal, et on y tient
Et on la soigne et les soucis
Et pour qu’on soit vraiment guéri
Il faut vous l’arracher, la vie
(Boris Vian)
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NOUVEAU CREDO DU PAYSAN (Gaston Couté)
Posted by arbrealettres sur 31 juillet 2018
Illustration: Léon-Augustin Lhermitte
NOUVEAU CREDO DU PAYSAN
Bon paysan -dont la sueur féconde
Les sillons clairs où se forment le vin
Et le pain blanc qui doit nourrir le monde,
En travaillant, je dois crever de faim ;
Le doux soleil, de son or salutaire,
Gonfle la grappe et les épis tremblants ;
Par devant tous les trésors de la terre,
Je dois crever de faim en travaillant !
Refrain
Je ne crois plus, dans mon âpre misère,
A tous les dieux en qui j’avais placé ma foi,
Révolution ! déesse au coeur sincère,
Justicière au bras fort, je ne crois plus qu’en toi ! (bis)
Dans mes guérets, au temps de la couvraille,
Les gros corbeaux au sinistre vol brun
Ne pillent pas tous les grains des semailles :
Leur bec vorace en laisse quelques-uns !
Malgré l’assaut d’insectes parasites,
Mes ceps sont beaux quand la vendange vient
Les exploiteurs tombent dessus bien vite
Et cette fois, il ne me reste rien !
Au dieu du ciel, aux maîtres de la terre,
J’ai réclamé le pain de chaque jour :
J’ai vu bientôt se perdre ma prière
Dans le désert des cieux vides et sourds ;
Les dirigeants de notre République
Ont étalé des lois sur mon chemin,
D’aucuns m’ont fait des discours magnifiques,
Personne, hélas ! ne m’a donné de pain !
Levant le front et redressant le torse,
Las d’implorer et de n’obtenir rien,
Je ne veux plus compter que sur ma force
Pour me défendre et reprendre mon bien.
Entendez-vous là-bas le chant des Jacques
Qui retentit derrière le coteau,
Couvrant le son des carillons de Pâques :
C’est mon Credo, c’est mon rouge Credo
(Gaston Couté)
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LES MAINS BLANCHES, BLANCHES… (Gaston Couté)
Posted by arbrealettres sur 31 juillet 2018
Illustration: Alfred Roll
LES MAINS BLANCHES, BLANCHES…
Elle avait les mains blanches, blanches,
Comme deux frêles branches
D’un aubier de mai ;
Elle avait les mains blanches, blanches
Et c’est pour ça que je l’aimais.
Elle travaillait aux vignes ;
Mais les caresses malignes
Du grand soleil
Et l’affront des hâles
Avaient respecté sa chair pâle
Où trônait mon baiser vermeil.
Et ses mains restaient blanches, blanches,
Comme deux frêles branches
D’un aubier de mai.
Et ses mains restaient blanches, blanches
Et toujours ! toujours ! je l’aimais
Mais un monsieur de la ville
Avec ses billets de mille
Bien épinglés
Vint trouver son père
Aux fins des vendanges dernières
Et s’arrangea pour me voler…
Me voler la main blanche, blanche,
Comme une frêle branche
D’un aubier de mai,
Me voler la main blanche, blanche
La main de celle que j’aimais !
Au seul penser de la scène
Où l’Autre, en sa patte pleine
D’or et d’argent,
Broierait les mains chères
Au nez du maire et du vicaire,
J’ai laissé ma raison aux champs,
Lui ! toucher aux mains blanches, blanches,
Comme deux frêles branches
D’un aubier de mai,
Lui ! toucher aux mains blanches, blanches,
Aux mains de celle que j’aimais
La veille du mariage,
Chez le charron du village
Je fus quérir
Un fer de cognée,
Et m’en servis à la nuitée,
Quand ma belle fut à dormir.
J’ai coupé ses mains blanches, blanches,
Comme deux frêles branches
D’un aubier de mai,
J’ai coupé ses mains blanches, blanches…
C’était pour ça que je l’aimais !
(Gaston Couté)
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LA JULIE JOLIE (Gaston Couté)
Posted by arbrealettres sur 31 juillet 2018
A la loué’ de la Saint Jean
Un fermier qui s’ râtlait des rentes
Dans l’ champ d’ misér’ des pauvres gens
Alla s’enquéri’ d’eun’ servante.
Après avoir hoché longtemps,
Pour quatr’ pair’s de sabiots par an
Avec la croûte et pis l’ log’ment,
I’ fit embauch’ de la Julie…
La Julie était si jolie !
L’empléya, sans un brin de r’pos
Du fin matin à la nuit grande,
A m’ner pâturer les bestiaux
Dans l’herbe peineus’ de la lande;
Mais un soir qu’il ‘tait tout joyeux
D’avoir liché queuqu’s coups d’vin vieux
l’ s’ sentit d’venir amoureux
Et sauta dans l’ lit d’ la Julie…
La Julie était si jolie !
D’pis c’jour-là, d’venu fou d’amour
I’ t’y paya des amusettes,
Des affutiaux qu’ l’orfév’ du bourg
Vous compt’ toujou’s les yeux d’ la tête;
Pis, vendit brémaill’s et genêts,
Vendit sa lande et son troupet
A seul’ fin d’ se fair’ des jaunets
Pour mett’ dans l’ bas blanc d’ la Julie…
La Julie était si jolie !
Si ben qu’un coup qu’il eut pus ren
Ayant donné jusqu’à sa ferme,
A l’ mit dehors, aux vents du ch’min,
Comme un gâs qui pai’ pus son terme ;
Mais c’ jour-là, c’était la Saint Jean :
Pour quat’ pair’s de sabiots par an
Avec la croûte et pis l’ log’ment,
I’ s’embaucha cheu la Julie…
La Julie était si jolie !
(Gaston Couté)
Posted in poésie | Tagué: (Gaston Couté), amour, amoureux, amusette, bas, chemin, croûte, dehors, donner, embaucher, fermé, fou, jolie, joyeux, Julie, lande, lit, louer, payer, sabot, sauter, vendre, vent | Leave a Comment »