Jour puis nuit (Aya Cheddadi)
Posted by arbrealettres sur 23 juillet 2018
Illustration: Jean-Jacques Grandville
C’était une pierre qui se plaignait
d’être à l’écart du chemin
« Où sont les joyeux pèlerins
et leurs bâtons et leurs paniers ?
— Tu exagères, répondait Soeur Verveine
je viens te voir de temps en temps
sur le dos de ma jument
Mon amitié serait-elle vaine?
— Facile à dire pour une amazone
qui sur tout l’Orient rayonne
Si j’en fais vraiment tout un plat
reste donc sept jours avec moi»
Verveine confia sa jument à une jeune cousine
et revint près de la pierre prendre racine
Jour puis nuit
il y eut la rosée du matin
le chant d’un serin
un rideau de pluie
Jour puis nuit
il y eut le ciel imberbe
une étoile qui fuit
la table d’émeraude de l’herbe
Jour puis nuit
le silence s’installa
l’envie de partir partit
Verveine voulut vivre là
Et il arrive assez souvent
qu’un pèlerin quitte le chemin
pour respirer son parfum
et s’asseoir sur la pierre un moment
(Aya Cheddadi)
Recueil: Tunis marine
Traduction:
Editions: Gallimard
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