L’ENTERREMENT (Charles-Ferdinand Ramuz)
Posted by arbrealettres sur 20 août 2018
L’ENTERREMENT
Il y a six hommes pour porter la bière ;
un mort, c’est plus lourd qu’un vivant ;
le cortège va lentement
sur le chemin du cimetière.
Lorsque le pasteur a eu fini la prière,
le mort était sorti, les femmes étaient sorties aussi,
les femmes s’étaient mises à pleurer.
On avait voulu les consoler,
mais elles n’en pleuraient que plus fort,
à cause du mort,
dans les escaliers.
Il y a six hommes pour porter la bière ;
un mort, c’est plus lourd qu’un vivant
le cortège va lentement
sur le chemin du cimetière.
C’est un vieux. N’est-ce pas ? les vieux
qui passent leur temps au coin de leur feu,
ça doit s’attendre à s’en aller,
mais c’est dur quand même, et c’est dur pour eux
et puis pour la femme.
A présent il pleut, il fait de la boue,
on est arrivé, le trou est creusé,
le fossoyeur est à côté,
les gens se sont découverts,
on met le cercueil sur la fosse,
le cercueil descend, les cordes grincent,
la terre en tombant sonne creux,
et les gens s’en vont se mouchant
avec leur mouchoir sur les yeux,
parce que, de voir ça, ça remue.
(Charles-Ferdinand Ramuz)
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