La fente (Jacques Chessex)
Posted by arbrealettres sur 10 novembre 2018
Illustration: Gustave Courbet
La fente
Si je regarde en toi fente
dans tes pentes dans tes plis sondant
Descendant par l’ombre et la moire à ton noir
Si je rôde et respire à tes alentours
Glissant du relief par la zone rose
Au secret gorgé de ce noir À la faille à la gorge, fente dans sa plissure avisant
Maintenant scrutant la buée belle à voir
Ce glissement à ta chaleur déjà liquide
Madame la fente où règne l’Odeur
O regardant par l’entaille le délice
de sueur, de fétide miel
Dans le val ce silence noir
De sombre suc musicien
Si descendant rôdant encore à cette orée
Je me tue à percer un chemin autre À la caverne visiteur épuisé de zèle
Quand la tonne parfumée exhale
Et coule en pluie à ta paroi
ruisselante robe définitive À ma bouche bien avant le drap des morts
O fente si je viens en toi
Par la langue et l’œil ouvrant ta nuit sacrée
Descendant par les haltes un songe noir comme un fleuve
Enfoui l’oubli muet dans tes pentes
Si j’allume au fond de la chambre
Cette lampe, fente, tes alentours sur la strie
Noire à l’ombre offrant la glu à me tuer
Visiteur encore rêvant mangeant la lumineuse suie
(Jacques Chessex)
déclaration | journal du dessin rencontre said
[…] La fente par Jacques Chessex trouvé en accord parfait ce jour chez mon pourvoyeur de poèmes Arbrealettres […]
Kajan said
Bonjour cher Arbrealettres, la branche semble si alerte en ce jour que je t’ai emprunté ce poème parfaitement assorti à mon dessin du matin … merci pour tes partages si inspirés
arbrealettres said
ouii vu!! je t’ai répondu à l’instant
Bravo .. Tout est BEAU.. tout dépend de l’intention 🙂