LE LANGAGE DES OISEAUX (Kathleen Raine)
Posted by arbrealettres sur 12 décembre 2018
LE LANGAGE DES OISEAUX
pour Helen Sutherland
Ce ne sont pas les oiseaux qui parlent, mais les hommes qui apprennent le silence.
Eux, ils ne savent et n’utilisent aucun langage.
D’une sagesse de feuilles
Dans un vol d’ombres qui se faufilent entre les frondaisons des arbres,
N’exprimant que les longues pensées du monde,
Leur chant s’élève, absolu, ce chant qui n’a qu’une seule phrase
Et ne vient pas d’un coeur divisé, douloureux.
Les bêtes aux yeux indifférents et doux,
Éveillées ou endormies, ont la grâce naturelle.
Ordre innocent des étoiles et des marées,
Un élan circule dans le cours du sang.
Obéissant à un seul pouls vivant,
Avec eux, les saints conversent en secret.
Nous, ignorants et bannis, nous restons
A nous émerveiller du vol de l’hirondelle,
A contempler la main ouverte,
A interroger les lignes de la chance :
Chaque destinée tourmente
L’esprit exilé.
Nos paroles et nos idées ne nomment
Qu’un univers d’ombres; car la vérité est claire
Qui a visité Jacob en rêve,
Que Moïse entendit dans le désert brûlant,
Et que livrent les anges dans l’annonciation.
***
THE SPEECH OF BIRDS
For Helen Sutherland
It is not birds that speak, but men learn silence;
They know and need no language; leaf-wise
In shadowy flight, threading the leafy trees,
Expressive only of the world’s long thoughts,
Absolute rises their one-pointed sons,
Not from a heart divided, and in pain.
The sweet-eyed, unregarding beasts
Waking and sleeping Wear the natural grace.
The innocent order of the stars and tides
An impulse in the blood-stream circulates.
Obedient to one living pulse,
With them, at heart, converse the saints.
We, ignorant and outcast, stand
Wondering at the swallow’s flight
Gazing at the open band,
Questioning the lins of fate —
Bach individual destin »,
Preying on an exiled mind.
Our words, our concepts, only Harle
A world of shadows; for the truth is plain
That visited Jacob in a dream,
And Moses, from the burning desert heard,
Or angels in annunciation bring.
(Kathleen Raine)
Traduction: François Xavier Jaujard
Editions: Granit
ibonoco said
Oui, c’est un langage que l’on retrouve au Moyen-Age…
lanefauxmillerunes said
C’est certainement le poème qui m’a le plus touchée depuis que je parcours l’arbre à lettres
arbrealettres said
Le Passeur que je suis en est très heureux 🙂
Miracle quand les quelques mots d’un Poème touchent au .. coeur 🙂
Bonne soirée .. Poétique 🙂
Ch