Les figures que l’arbre abrite (Roberto Juarroz)
Posted by arbrealettres sur 5 mars 2019
Les figures que l’arbre abrite dans ses branches
deviennent soudain une rafale de figures
qui bloque ou paralyse un moment
la pression des figures de l’abîme.
Ainsi des figures en captent d’autres,
tandis que le vent du soir
semble courber des éternités
et les convertir en regards du temps.
Les figures entre-temps se confondent
et il se pourrait qu’ensuite apparaissent
dans l’arbre les traits de l’abîme
et dans l’abîme les gestes de l’arbre.
Il n’est pas de lieu sans une figure.
Il n’est pas de digues contre une rafale de figures.
Et il suffit d’une seule figure
pour coloniser ce qui n’existe pas.
Il est des choses qui ne viennent de nulle part
et il en est plus encore qui ne vont nulle part.
Mais il en est d’autres qui ne sont plus nulle part.
Plus que le lieu d’une chose,
ce sont ses non-lieux
qui permettent de la situer.
(Roberto Juarroz)
Traduction: Roger Munier
Editions: Lettres Vives
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