Enfin je t’ai roulé, opiniâtre rocher, dans l’abîme (Juan Ramón Jiménez)
Posted by arbrealettres sur 25 mars 2019
Enfin je t’ai roulé, opiniâtre rocher,
dans l’abîme.
— Temps,
(perdu ?), pierre, de mon oeuvre pure,
pour vaincre ta laideur grossière ! —
Maintenant, debout, haletant encore,
sur la plaine à nouveau. Là-haut, le ciel
du couchant pacifique, comme une eau de rose,
d’où j’ai rejailli, pur,
le front perlé d’étoiles pâles.
Et entre la poitrine et les bras douloureux,
la sensation divine d’une rose géante,
qui fut — mais quand ? — de pierre.
***
Ya te rodé, canto obstinado,
en el abismo.
— iTiempo
¿perdido?, piedra, de mi obra pura,
para vencer tu fealdad grosera!—
Ahora, de pie, jadeante aún,
otra vez en lo todo llano. Arriba, el cielo
del ocaso pacífico, como un agua rosada,
de donde me he salido, puro,
sudando estrellas pálidas.
Yentre el pecho y los brazos doloridos,
la sensación divina de una jigante rosa,
que fue — ¿cuándo? — de piedra.
(Juan Ramón Jiménez)
Qu'est-ce que ça vous inspire ?