Archive for 14 octobre 2019
Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2019

Illustration: Vincent Van Gogh
RONDEAU DE L’HOMME LASSÉ DE SOI
Quoi! toujours toi, quand rien de moi ne t’aime,
De ma personne indétrônable roi,
Ô monotone et tenace moi-même,
Gui parasite au sein d’un meilleur Moi!
Traînant partout tes humeurs inégales,
Tes muscles mous et tes nerfs anxieux,
Et ton cœur sec et tes sens vicieux,
Tes viles soifs, tes grossières fringales,
Quoi! toujours toi!
Quoi! toujours toi, toujours avide et vide,
Tenté d’agir, vautré sur le tapis,
Bouffi mais creux, arrogant mais pavide,
Menteur, jaloux, glouton, paillard et pis!
Jusques à quand faut-il que je t’endure,
Plat compagnon à mes pas attaché,
Fâcheux démon en mon ange caché,
Suppôt d’orgueil, d’envie et de luxure?
Quoi! toujours toi!
J’ai beau vouloir te noyer dans les veilles,
Dans le travail, le plaisir et le vin :
Sous mon habit toujours tu te réveilles
Aussi présent, aussi banal et vain.
Hôte indiscret, en moi tu fais demeure;
Toujours chassé tu ramènes toujours
Tes bas désirs et tes pauvres amours,
Et pas un être en qui te perdre une heure…
Quoi! toujours toi!
(André Berry)
Recueil: Poèmes involontaires suivi du Petit Ecclésiaste
Traduction:
Editions: René Julliard
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Posted in poésie | Tagué: (André Berry), agir, aimer, amour, ange, anxieux, arrogant, attacher, avide, être, banal, bas, bouffi, cacher, coeur, compagnon, creux, démon, désir, endurer, envie, fâcheux, fringale, glouton, grossier, gui, habit, homme, humeur, inégal, indétrônable, jaloux, lasser, luxure, meilleur, menteur, moi, monotone, mou, muscle, nerf, noyer, orgueil, paillard, parasite, pas, pauvre, pavide, perdre, personne, plaisir, plat, présent, rien, roi, rondeau, se réveiller, sec, sens, soi, soif, suppôt, tapis, tenace, tenter, toi, traîner, travail, vautrer, veille, vicieux, vide, vile, vin, vouloir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2019

RONDEAU DE L’HOMME LAS DE PENSER
Combien de temps, tête sempiternelle,
Te faudra-t-il penser et repenser,
Tel l’aiguilleur reclus dans sa tourelle,
Guetteur raidi du train qui va passer ?
Au roulement des rapides idées
Ouvrant ou non les disques lumineux,
Combien de temps, leviers vertigineux,
Dois-je mouvoir vos tiges recoudées?
Combien de temps?
Combien de temps, radoteuse cervelle,
Dois-je sentir ta roue en moi tourner,
Virer au vent et voleter ton aile,
Et sous ta meule un grain dur s’enfourner?
Combien de temps, machine tyrannique,
De ton tiquant, de ton taquant moulin,
Où toujours entre et d’où sort un sac plein,
Me faudra-t-il servir la mécanique?
Combien de temps?
Combien de temps,
Dans la guérite où je
Me faudra-t-il garder
Tenace Esprit qui ne
nocturne sentinelle,
dois m’enfermer,
ta citadelle,
veux désarmer?
Le poing toujours sur le pommeau du glaive,
Prêt à jeter l’anxieux Qui va là,
Combien de temps, dans le trou que voilà,
Me faudra-t-il attendre la relève?
Combien de temps?
(André Berry)
Recueil: Poèmes involontaires suivi du Petit Ecclésiaste
Traduction:
Editions: René Julliard
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Posted in poésie | Tagué: (André Berry), aile, anxieux, attendre, cervelle, citadelle, désarmer, disque, entrer, esprit, garder, glaive, grain, guérite, guetteur, homme, idée, jeter, las, levier, lumineux, machine, mécanique, meule, moulin, mouvoir, nocturne, ouvrir, penser, poing, pommeau, prêt, radoter, raidir, rapide, relève, rondeau, roue, roulement, s'enfermer, sac, sempiternel, sentinelle, sentir, servir, sortir, taquer, tête, temps, tenace, tiquer, tourner, train, trou, tyran, vent, vertige, virer, voleter | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2019

JOUISSANCE
Je me sens la fièvre
de cette
crue de clarté
J’accueille cette
journée comme
le fruit qui s’adoucit
J’aurai
cette nuit
un remords comme un
aboiement
perdu dans
le désert
(Giuseppe Ungaretti)
Recueil: Vie d’un homme Poésie 1914-1970
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2019

Illustration: Gilbert Garcin
LA NUIT TOUJOURS
Ma vie aride
s’étend
épouvantée davantage d’elle-même
Dans un
infini
qui me foule et
me presse avec son
toucher frêle
(Giuseppe Ungaretti)
Recueil: Vie d’un homme Poésie 1914-1970
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2019

Illustration: ArbreaPhotos
PRAIRIE
La terre
s’est voilée
de tendre
légèreté
Comme une épouse
nouvelle
étonnée
elle offre
à son enfant
la pudeur
souriante
de la mère
(Giuseppe Ungaretti)
Recueil: Vie d’un homme Poésie 1914-1970
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2019

SOLDATS
On est là comme
sur les arbres
les feuilles
d’automne
(Giuseppe Ungaretti)
Recueil: Vie d’un homme Poésie 1914-1970
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2019

Illustration: Karen Lamonte
RETOUR
Les choses brodent l’ample monotonie des absences
Cette heure est une coquille pâle
L’obscur azur des profondeurs s’est fracturé
Cette heure est un manteau de sécheresse
(Giuseppe Ungaretti)
Recueil: Vie d’un homme Poésie 1914-1970
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2019
Recueil: Vie d’un homme Poésie 1914-1970
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2019

Illustration: Alex Alemany
DÉCOUVERTE DE LA FEMME
Alors la femme m’apparut sans voiles, dans une pudeur naturelle.
Depuis ce temps ses gestes, délivrés, surgissant dans une
solennité féconde, me consacrent à l’unique réelle douceur.
Au gré de cette présence familière le temps s’en va sans me lasser.
A cette heure la nuit peut venir, la clarté de la lune aura les ombres les plus nues.
(Giuseppe Ungaretti)
Recueil: Vie d’un homme Poésie 1914-1970
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2019
Bénis soient mes yeux s’ils sont
Les plus doux qu’IL vit jamais
(Elizabeth Browning)
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