L’observance de l’éthique du poème
nous donne de nous livrer sans risque
à l’étroitesse de la vie.
(Pierre Oster)
Traduction:
Editions: Gallimard
Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2019
L’observance de l’éthique du poème
nous donne de nous livrer sans risque
à l’étroitesse de la vie.
(Pierre Oster)
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Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2019
Quelque part
Entre la flamme et la fumée
la page blanche et le cerveau
une clarté – bien à l’abri sous mes épaules
Où la journée vient s’appuyer
s’éveille
un duvet de secret bouge
à faire battre le silence
très timidement retiré
dans l’aube chaude de mon sang.
(Jean Pérol)
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Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2019
Pour une morale
La rose et la rosée pour la beauté du diable
la flamme déroulée au fond de l’herbe drue
et cette majesté de belle femme nue
marchant contre mon corps à l’aube sur le sable
la famille laissée à sa mauvaise table
pour la chair partagée sous un ciel inconnu
pour le plaisir très pur pour la taille tenue
pour le souffle accouplé et la joie habitable
la très nue étirée au soleil inlassable
la rivière emmêlée aux cheveux de nos corps
le secret dévoilé aux étranges accords
chaque nuit bien tissée par un fil incassable
et l’aube et la rosée offertes le matin
lorsque l’homme dépose la rose entre les seins
de la femme qui dort sur le ciel et le sable
ont rendu sous mes mains tous vos barreaux friables.
(Jean Pérol)
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Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2019
Le tintement de l’heure au sommet des églises
scande un pas solitaire et mon ombre perdue
se débat sur les murs en sursauts de pendu
la nuit vient maquiller la maigre fiancée grise
si je dors elle arrive et tempête chez moi
si je dis le vin bon elle brise mon verre
si je gagne au bonheur elle envoie d’un revers
rouler le jeu je ne sais plus ce que je crois
si je serre une main elle crache dessus
si je montre le blanc elle exhibe le noir
elle brille et s’aiguise à la meule du soir
elle rit elle danse et je suis son bossu
ma sans-sommeil ô ma grinçante
ma questionneuse ma rusée
ma radoteuse ma butée
mon frein brûlé ma folle pente
je suis ta chose et tu me hantes
toi le marteau qui sans fin plantes
dans mon étau les treize coins
des questions de ta question.
(Jean Pérol)
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Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2019
Illustration: Stéphane Pencréac’h
La vie dure
Est-ce faiblesse de la tête
ou suis-je un pâle volontaire
plus de vigueur pour cette quête
rien que sommeil goût de se taire
lente érosion d’un terrain mou
et jour à jour l’humble négoce
le pain l’argent le toit les gosses
le chant happé dans quel remous
mais talon frappe et je remonte
à la surface où l’air est vie
de l’air encore je veux mon compte
qu’à d’autres fêtes on me convie
crache l’eau crache l’eau
rouge soufflet qui te déplie
poumon terrible – poésie –
relance en moi le sang des mots!
(Jean Pérol)
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Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2019
Je suis las d’être au gîte et suis las d’être errant,
Je suis las de mon masque et de mon vrai visage,
Je suis las d’être fou, je suis las d’être sage,
Je suis las d’être instruit, et las d’être ignorant.
Je suis las de déplaire et las d’être attirant,
Et las d’être fidèle et las d’être volage,
Je suis las d’être jeune et je suis las de l’âge,
Et je suis las de vivre et las d’être mourant.
Je suis las d’être moi, seul dans ma solitude,
Et las de mes pareils, las de leur lassitude;
Je suis las du hourrah, je suis las de l’hélas,
Las du temps qui recule et de l’heure indolente,
Las de la longueur longue et de la lenteur lente,
Las du lent, las du long, las du loin, las du las.
(André Berry)
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Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2019
L’autre lumière
I
Une fois que la lumière naturelle a perdu tout pouvoir
éclairant, que dans sa pleine intensité elle ne donne
plus à voir que la part d’ombre et qu’ainsi, le processus
d’inversion se met en place, l’autre lumière jaillit.
Ceux qui sont destinés à la recevoir diffèrent sa venue et
n’acceptent que les fragments de ce qui n’a de sens que
dans la totalité.
II
L’autre lumière produit des éclairs répétés et aveuglants.
Celui dont le bonheur visuel défaille sacrifie souvent à
l’aveuglement temporaire qu’elle lui procure. Son être
n’est plus éclairé par une source inégale mais par des
éclairs successifs et identiques, qui ne trouvent de loi
qu’en eux-mêmes. Différente est la lumière du soleil, dont
l’intensité varie.
Ici, il ne s’agit pas d’une lumière pour voir ou être vu,
mais d’une lumière qui voit.
III
Lorsque ces éclairs diminuent puis cessent, l’ébloui se
trouve plongé dans une nuit extrême. Parce que le surcroît de
lumière avec lequel il s’était accoutumé à voir disparaît,
il lui semble que le monde entier s’obscurcit.
Il est nécessaire que l’autre lumière cesse, que l’ébloui
apprenne une seconde fois à voir au moyen de la lumière
naturelle. Le souvenir lumineux témoigne de l’insuffisance
de la lumière naturelle à éclairer le monde. Par lui l’ébloui
va tenter de revenir dans la vision éblouie, à partir de ce
nouveau point de départ qu’est la lumière naturelle.
IV
Dès lors, la nostalgie permet l’illumination complète, qui
consiste en cela : voir dans l’autre lumière, par le seul
moyen de la lumière naturelle dispensée à chacun.
(Gilles Weinzaepflen)
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Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2019
Illustration: Edvard Munch
Je suis triste mon âme est triste
Malgré ce beau soleil qui brille pour rien
Tant mon âme est triste pour rien
De la désolation pure sans soulagement
Du désastre sans rien de cassé
Quelque chose est en morceaux
Quelque chose est plié comme un coin
Comme une oreille de chien trop longue
Qui se replie au sommet du crâne
Avec le tatouage à l’intérieur devenu visible
Ça gémit à l’intérieur comme si ça voulait sortir
Mais c’est pas capable de sortir
Ça sait d’avance que sortir ne sert à rien
Même dehors est encore du dedans retourné
(Gilles Weinzaepflen)
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Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2019
Illustration: Edvard Munch
Beaucoup d’hommes souffrent de la solitude. Ils ne sont pas
forcément méchants, ils ne sont pas forcément sournois. La
solitude s’abat sur eux comme l’aigle fond sur sa proie,
l’enfant sur sa glace, la glace dans sa main. On ne choisit
pas la solitude comme on choisit framboise: c’est elle,
framboise, qui vous choisit comme cône.
La solitude n’est pas une maladie, elle ne s’attaque pas
aux fonctions vitales. Pas de symptôme, pas de traitement:
autour de soi le lien se défait et l’on reste seul au bord
de la route, dans le fossé, comme la casserole détachée du
pare-choc arrière de la voiture des jeunes mariés, avec
quelques éraflures sur le manche.
La solitude crée le personnage du solitaire, comme la mort
crée le mort. Elle lui donne ce nom que lui-même porte comme
une croix:
– Tiens, voilà le solitaire.
(On entend un bruit de casserole)
(Gilles Weinzaepflen)
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Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2019
A chaque seconde
nous entrons au paradis
ou bien nous en sortons.
(Christian Bobin)
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