Archive for 7 novembre 2019
Posted by arbrealettres sur 7 novembre 2019

Mathilde, nom de plante ou de pierre ou de vin,
nom de ce qui est né de la terre, et qui dure,
la croissance d’un mot a fait lever le jour,
dans l’été de ton nom éclatent les citrons.
Sur ce nom vont courant les navires de bois
entourés par l’essaim bleu marine du feu,
les lettres de ton nom sont l’eau d’une rivière
qui viendrait se jeter en mon coeur calciné.
Oh ce nom découvert sous un volubilis,
nom semblable à l’entrée d’un tunnel inconnu
qui communique avec tous les parfums du monde !
Oh envahis-moi de ta bouche qui me brûle,
cherche en moi, si tu veux, de tes yeux de nuit, mais
laisse-moi naviguer et dormir sur ton nom.
***
Matilde, nombre de planta o piedra o vino,
de lo que nace de la tierra y dura,
palabra en cuyo crecimiento amanece,
en cuyo estío estalla la luz de los limones.
En ese nombre corren navíos de madera
rodeados por enjambres de fuego azul marino,
y esas letras son el agua de un río
que desemboca en mi corazón calcinado.
Oh nombre descubierto bajo una enredadera
corno la puerta de un túnel desconocido
que comunica con la fragancia del mundo !
Oh invádeme con tu boca abrasadora,
indágame, si quieres, con tus ojos nocturnos,
pero en tu nombre déjame navegar y dormir.
(Pablo Neruda)
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Posted by arbrealettres sur 7 novembre 2019

LES LUNETTES
J’étais un livre. On effeuillait mes pages
Pour découvrir des signes, des empreintes
Or, je rêvais des archives terrestres
Ou d’un feu noir, mais chacun me lisait.
Des doigts mouillés, des feuillets et des notes
Sur tout mon corps, et même cette plante
Se desséchant entre mes dents. La mordre
Fut mon désir tout le long d’un hiver.
Déchirez-moi. Je suis autre que Bible,
Autre que vers d’un poème fardé
Car je suis chair, et livre est la parure
Où je me cache. Et nul ne trouvera
Le seul secret que je cache en mes pages :
Il faut me lire avec les yeux des morts.
(Robert Sabatier)
Illustration: Vladimir Kush
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Posted in poésie | Tagué: (Robert Sabatier), cacher, corps, déchirer, découvrir, désir, déssécher, effeuiller, empreinte, feu, feuillet, hiver, lire, livre, lunette, mordre, mort, note, parure, plante, poème, rêver, secret, signe | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 novembre 2019

Les pierres ont la mémoire longue
Ce sont des êtres sensibles
noués autour d’anciennes convulsions
figées en des raidissements
quasi musculaires
après l’éloignement du feu
qui fut premier
dans la lignée de leurs ancêtres
et dans les spasmes orgiaques
de leur naissance
Ce sont des vies
qui portent en elles
sur elles et autour d’elles
les armoiries et les blasons
toute l’héraldique
de la noblesse universelle
du grand Chosier
l’arbre généalogique
des grands dynastes guerriers
et des prophètes méphitiques
du minéral
(Werner Lambersy)
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Posted in poésie | Tagué: (Werner Lambersy), ancêtre, blason, convulsion, feu, guerrier, mémoire, minéral, naissance, noblesse, pierre, prophète, raidissement, sensible, universel | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 novembre 2019

BAROQUE
Les oiseaux blancs ne cessent de se rendre
Au pays bleu des fables et des loups,
Mais de quel oeuf surgit tant de silence,
De quelle perle est fait cet orient
Illuminant la rocaille des cris ?
Je te révère, un peu moins pour l’albâtre
Que pour le sang dessinant une étoile
Sur un front nu — un peu moins pour le rêve
Que pour la soif éternelle et le bronze
Jetant au ciel un jardin musical.
D’émaux serti, de fleurons, d’algues rouges,
Naît le visage, un rubis pour les lèvres,
Des yeux de jais, des larmes d’émeraude.
Quant à la voix qui parle dans ces grottes
Elle est de source et d’amours cristallines.
Dis, que fais-tu, pèlerin sur le seuil ?
Que ton bâton s’orne d’une colombe,
Tu paraîtras, fluide, immatériel
Comme un murmure aux lèvres d’une fée,
Comme une brume échappée aux abîmes.
Prends ton manteau, pâtre, prends ton agnelle.
Un son de flûte et l’homme intemporel
De sa prison s’arrache et vainc le jour
Entre deux nuits quêtant sa renaissance.
Et toi, Beauté, sois un écrin pour l’être.
(Robert Sabatier)
Illustration: Sylvie Lemelin
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Posted in poésie | Tagué: (Robert Sabatier), abîme, agnelle, albâtre, écrin, être, baroque, beauté, bronze, cesser, fable, fée, flûte, fleuron, loup, manteau, nuit, oeuf, paraître, prison, quêter, révérer, rocaille, rubis, s'arracher, silence | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 novembre 2019

DÉPART
Quand, après l’exquise journée
Qui n’aura pas de lendemain,
L’heure du départ fut sonnée,
Je ne t’ai pas tendu la main.
La nuit tombait, la nuit profonde ;
Les contours flottaient indécis.
Mes yeux de larmes obscurcis
Ne voyaient plus ta tête blonde.
Peut-être en tes yeux passait-il
Un regret qui s’envola vite
Ou l’angoisse étrange et subite
D’un rêve doux, triste et subtil ?
Dans la grande mélancolie
De cette belle nuit d’été,
Je n’aurai pas même emporté
Leur expression affaiblie.
Tristes jusqu’à la mort, les cieux
Étaient pleins dans la nuit profonde
De rêves défunts, et mes yeux
Ne voyaient plus ta tête blonde.
(Jacques Madeleine)
Illustration: Ryszard Miłek
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Posted in poésie | Tagué: (Jacques Madeleine), affaibli, angoisse, cieux, défunt, départ, exquis, journée, larme, lendemain, mort, nuit, profond, rêve, s'envoler, triste, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 novembre 2019

Rien n’est ici-bas qui ne meure ;
Il n’est pas de ciel toujours bleu…
Nous possédons ce qui demeure,
L’amour, don suprême de Dieu.
Les jours s’écoulent comme un fleuve
Que nul n’a jamais remonté…
La source où notre âme s’abreuve
Est vive pour l’éternité.
Toute vie est une heure brève ;
Tout avenir, un voile épais…
Puisse Dieu faire à notre rêve
Un asile d’ombre et de paix !
Sur le morne Océan des choses,
Bien des départs sont sans retours…
Puissions-nous au milieu des roses
Trouver un nid pour nos amours !
(Jules Carrara)
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Jules Carrara), amour, asile, âme, bleu, bref, ciel, départ, demeurer, Dieu, don, fleuve, mourir, nid, océan, ombre, paix, posséder, rêve, retour, rose, s'abreuver, s'écouler, source, suprême | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 novembre 2019

L’eau, répète
Le ciel mat.
Calme plat,
Mer muette.
La mouette,
Qui s’ébat
Sur le mât,
Le complète,
Simulant
D’un vol lent
Et perplexe
Un accent
Circonflexe
En passant.
(Jules Lemaître)
Illustration
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Posted by arbrealettres sur 7 novembre 2019

Ici la fleur, ici l’oiseau, la flamme,
Ici le rien, qui ne veut pas finir
Dans le désert, ici la voix de l’âme,
Ici la fleur, ici la fleur, ici…
Parmi la mort, un tout dernier miracle
Le chant de vie et des mots inconnus
Qu’un homme entend dans un silence d’arbre,
Ici la clef du langage perdu.
(Robert Sabatier)
Illustration: Ettore Aldo Del Vigo
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Posted by arbrealettres sur 7 novembre 2019

MER DU NORD
La chaîne de vos regards se décroche du quai.
Entre les cargos rouges et gris
Qui croisent les drapeaux
De brumes blanches des voiliers,
Mon esprit voyage,
Sur leurs panaches d’écumes,
Je deviens plumes d’oiseaux
Attirées dans leur sillage.
(Dominique Joye)
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Posted by arbrealettres sur 7 novembre 2019
Retouche à l’adieu
en fin de jour à long halage
l’ortie ranime le canal
le soleil touche l’eau
son odeur de cheval fait trembler la haie d’ombre
de rive à l’autre un couple se sépare
poussiéreux de tilleul et sur un même signe
un oiseau roule en larme sur la joue du ciel
(Daniel Boulanger)
Illustration: Pierre-Auguste Renoir
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