On rencontre partout des gens (José Saramago)
Posted by arbrealettres sur 19 janvier 2020
On rencontre partout des gens comme ce monsieur José,
ils occupent leur temps, ou celui qu’ils croient que la vie leur laisse, à collectionner
des timbres, des monnaies, des médailles, des potiches, des cartes postales,
des boîtes d’allumettes, des livres, des montres, des chandails de sport,
des autographes, des pierres, des personnages en terre cuite, des canettes vides de boissons rafraîchissantes,
des petits anges, des cactus, des programmes d’opéra, des briquets, des stylos, des hiboux, des boîtes à musique,
des bouteilles, des bonsaïs, des tableaux, des gobelets, des obélisques en cristal, des canards en porcelaine,
des jouets anciens, des masques de carvanal,
poussés probablement par quelque chose que nous pourrions appeler angoisse métaphysique,
peut-être parce qu’ils n’acceptent pas l’idée que le chaos soit le seul arbitre de l’univers,
et donc avec leurs faibles forces et sans aide divine, ils tentent d’introduire un peu d’ordre dans le monde,
ils y réussissent pendant un certain temps,
mais seulement aussi longtemps qu’ils parviennent à défendre leur collection
car quand vient le jour de la disperser et ce jour arrive inéluctablement, à cause de la mort ou de la lassitude du collectionneur,
tout retourne au chaos originel, tout replonge dans le désordre.
(José Saramago)
Traduction: Geneviève Leibrich
Editions: Seuil
This entry was posted on 19 janvier 2020 à 11:19 and is filed under méditations. Tagué: (José Saramago), accepter, allumette, angoisse, arbitre, autographe, boîte, carte postale, chaos, collection, collectionner, défendre, désordre, disperser, inéluctable, introduire, lassitude, livre, médaille, métaphysique, monde, monnaie, montre, mort, occuper, ordre, pierre, potiche, rencontrer, replonger, temps, tenter, timbre, univers. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, ou trackback from your own site.
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