Archive for 31 janvier 2020
Posted by arbrealettres sur 31 janvier 2020

Illustration: Andrzej Malinowski
MADEMOISELLE SANS SOUCI
Mademoiselle Sans Souci
vêtue de rien d’un peu d’été
Mademoiselle Tôt Partie
à peine là vite en allée
Toute nue dorée de paresse
Mademoiselle Rire aux Larmes
juste habillée de mes caresses
Mademoiselle Fausse Alarme
Rapportez-moi d’où vous allez
Mademoiselle Feu de Paille
un pas perdu deux sous trouvés
trois échos couleur de murailles
le sable roux du sablier
le blond sourd de l’automne proche
le bleu gris du ciel embrouillé
le fuyant d’un pas qui s’approche
Rapportez-moi d’où vous allez
les vraies nouvelles d’où nous sommes
Mademoiselle Voix Voilée
Mademoiselle Profond Somme.
(Claude Roy)
Recueil: Claude Roy un poète
Traduction:
Editions: Gallimard Jeunesse
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Posted in poésie | Tagué: (Claude Roy), alarme, automne, écho, été, bleu, blond, caresse, ciel, couleur, dorer, embrouiller, faux, feu de paille, fuir, gris, habiller, mademoiselle, muraille, nouvelle, nu, paresse, partir, proche, profond, rapporter, rire, roux, s'approcher, s'en aller, sable, sablier, somme, sou, souci, sourd, tôt, trouver, vêtu, voiler, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 31 janvier 2020

Illustration: Christian Schloe
LA NUIT
Elle est venue la nuit de plus loin que la nuit
à pas de vent de loup de fougère et de menthe
voleuse de parfum impure fausse nuit
fille aux cheveux d’écume issue de l’eau dormante
Après l’aube la nuit tisseuse de chansons
s’endort d’un songe lourd d’astres et de méduses
et les jambes mêlées aux fuseaux des saisons
veille sur le repos des étoiles confuses
Sa main laisse glisser les constellations
le sable fabuleux des mondes solitaires
la poussière de Dieu et de sa création
la semence de feu qui féconde les terres
Mais elle vient la nuit de plus loin que la nuit
à pas de vent de mer de feu de loup de piège
bergère sans troupeaux glaneuse sans épis
aveugle aux lèvres d’or qui marche sur la neige.
(Claude Roy)
Recueil: Claude Roy un poète
Traduction:
Editions: Gallimard Jeunesse
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Posted in poésie | Tagué: (Claude Roy), astre, aveuglé, écume, épi, étoile, bergère, chanson, cheveux, confus, constellation, création, Dieu, dormant, eau, fabuleux, faux, féconder, feu, fille, fougère, fuseau, glaneur, glisser, impur, issu, jambe, laisser, lèvres, loin, loup, lourd, main, marcher, médusé, mêler, menthe, monde, neige, nuit, or, parfum, piège, poussière, repos, s'endormir, sable, saison, semence, solitaire, songe, terre, tisseur, troupeau, veiller, venir, vent, voleur | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 31 janvier 2020

Illustration: Akbar Behkalam
Exil
Dans la ville étrangère au langage incompréhensible
tu marches par des rues inconnues;
tu ne connais même pas le nom de la rivière
dont l’eau coule sous la voûte en pierres
du pont.
Tu es là,
tout seul, dans ton ombre
qui chemine lentement sur l’asphalte
comme une mélodie venue de loin
d’un instrument désaccordé.
Mais tout à coup
un petit oiseau te découvre,
rencontre ton regard
de ses yeux couleur poivre,
avant de disparaître dans la pénombre.
***
Exil
I den främmande staden med det obegripliga språket
vandrar du längs de obekanta gatorna;
inte ens flodens vatten
som rinner in under brons stenvalv
vet du namnet på
Och du står där åter
alldeles ensam i din egen skugga
som sakta sipprar ut över asfalten
som en avlägsen melodi
ur ett ostämt instrument
Men så plötsligt
får en liten fågel syn på dig,
möter din blick
med sina pepparkornsfärgade ögon
innan den försvinner
in i skymningen
***
Exil
În orașul străin cu grai neînțeles
rătăcind pe necunoscutele-i străzi;
nici măcar apei din râul
ce curge sub arcul de piatră al punții
numele nu i-l cunoști.
Și iată-te, stând
singur cu tine, în umbra-ți stingheră
ce-ncet se prelinge pe-asfalt
ca un cântec venit de departe
emis de un fluier ce sună strident.
Dar brusc te zărește
o pasăre mică,
privirea ți-o-ntoarce
cu ochi de piper,
zburând mai apoi spre lumina din zori.
***

***
Exilio
En la ciudad extranjera, con un lenguaje incomprensible,
caminas por calles desconocidas;
ni siquiera del río cuyas aguas corren
bajo el arco de piedra del puente
conoces el nombre
Y allí estás, totalmente sólo
en tu propia sombra
que lentamente se desliza por el asfalto,
como la lejana melodía
de un instrumento desafinado.
Pero súbitamente
un pajarito te descubre,
y se encuentran con tu mirada
sus ojos color pimienta,
antes de desaparecer en el atardecer.
***
ΕΞΟΡΙΑ
Στην ξένη πόλη με την άγνωστη γλώσσα
περπατάς σ’ άγνωστους δρόμους
μήτε και το νερό του ποταμού
που ρέει κάτω απ’ την αψίδα της γέφυρας
που δεν γνωρίζεις τ’ όνομα της.
Kι εκεί στέκεσαι, ολομόναχη
στον ίσκιο σου δίπλα
που αργά κυλά στην άσφαλτο
σαν μακρινή μουσική
από ακούρδιστο όργανο.
Και ξάφνου σε βλέπει το πουλί
με τα πιπεράτα μάτια του
προτού πετάξει μέσα στην αυγή.
***

***
Exil
In de vreemde stad met een onbegrijpelijke taal
loop je langs onbekende straten;
je kent zelfs de naam van de rivier niet
waarvan onder het stenen gewelf van de brug
het water vloeit
En daar sta je dan
helemaal alleen, in je eigen schaduw
die langzaam op het asfalt sijpelt,
zoals een melodie in de verte
van een ontstemd instrument.
Maar plotseling
word je door een kleine vogel ontdekt,
ontmoet hij jouw blik
met zijn peperkleurige ogen,
alvorens hij in het deemster verdwijnt.
***
EXILE
In the foreign city with an incomprehensible language
you are walking along unfamiliar streets;
not even the water of the river
which flows under the stone arch of the bridge
you know not the name of
And there you are, standing
totally alone, in your own shadow
which slowly trickles out onto the asphalt
like a distant melody
from an instrument that is out of tune.
But suddenly
a little bird notices you,
meets your gaze
with its pepper-coloured eyes,
before it disappears into the dusk.
***
流亡者
在这异邦城市里
带着一种听不懂的语言
你沿着陌生的街道彳亍;
连石拱桥下流淌的
这河里的水
你都不知其名姓
——而你在那儿, 孓然一身
伫立, 在自己的影子里
你的身影慢慢流到柏油路上
像不成调的长笛
滑出的一节遥远的旋律
但突然
一只小鸟注意上你,
用它那胡椒色眼睛
迎接你的目光,
然后消失在黎明里。
***
追放
外国の町で
ことばも解らず
君は、見知らぬ通りを歩いている
石造りのアーチ橋の下、流れる
川には水はなく
君は、その名を知らない
―そこで、君は、立ち止まり
全く一人きり、自分の影のなか
アスファルトの道をゆっくりと装う
遙か遠い旋律のように
微かな音色のフルートから
しかし、不意に
一羽の小鳥が君に気づき
君の眼差しと出会う
胡椒色の眼で
夜明けに消えゆく前に
***
Wygnanie
W obcym mieście o mowie niezrozumiałej
wędrujesz po ulicach nieznanych;
nawet nie znasz imienia
wody wartko płynącej
pod kamiennym łukiem mostu
I znów tam stoisz
zupełnie sam we własnym cieniu,
który powoli spływa na asfalt
jak odległa melodia
rozstrojonego instrumentu.
Wtem nagle
ptaszek spogląda na ciebie
spotyka twoje spojrzenie
oczyma w kolorze pieprzu,
zanim zniknie
w półmroku.
(Bengt Berg)
Recueil: ITHACA 616
Traduction: Français Germain Droogenbroodt – Elisabeth Gerlache / Suédois / Roumain Gabriela Căluțiu Sonnenberg / Arabe / Espagnol Rafael Carcelén / Grec Manolis Aligizakis / Indi Jyotirmaya Thakur / Néerlandais Germain Droogenbroodt / Anglais Sudeep Sen / Chinois William Zhou / Japonais Kae Morii / Polonais Mirosław Grudzień – Małgorzata Żurecka /
Editions: POINT
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Posted in poésie | Tagué: (Bengt Berg), asphalte, étranger, cheminer, connaître, couler, découvrir, désaccordé, disparaître, eau, exil, incompréhensible, inconnu, instrument, langage, lentement, loin, marcher, mélodie, nom, oiseau, ombre, pénombre, pierre, poivre, pont, regard, rencontrer, rivière, rue, seul, tout à coup, venir, ville, voûte, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 31 janvier 2020

Le mot sens
Ce mot polysémique est un diamant du vocabulaire français.
Comprimé en une seule syllabe, il donne lieu à trois définitions,
à savoir: sensation, direction et signification.
Ces trois définitions marquent en réalité les trois étapes,
ou les trois étages, de notre existence.
Et c’est justement à la lumière de la beauté
que ces trois définitions acquièrent leurs sens plénier.
En effet, la beauté a le don de provoquer en nous les ressentis les plus forts et les plus immédiats,
des ressentis aussi bien charnels qu’émotionnels.
Imprégné des sensations nées de ses ressentis,
notre être se sent attiré par la présence de la beauté et d’instinct va vers elle.
Ce faisant, il s’oriente vers une certaine direction.
Or, dès que notre existence prend une direction, elle prend sens.
Et lorsque cette direction ouvre sur un état d’harmonie et de communion,
autrement dit un état d’amour, ce qui est le cas de la beauté,
notre existence atteint sa plus haute signification,
parce que c’est alors qu’elle fait signe à la vraie vie;
et la vraie vie, à son tour, lui fait signe.
(François Cheng)
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Posted in méditations | Tagué: (François Cheng), amour, émotionnel, étage, étape, état, beauté, charnel, diamant, direction, existence, lumière, ressenti, sens, sensation, signe, signification, vie, vrai | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 31 janvier 2020
Non corps à corps
Mais âme à âme
N’annulant nullement chair et sang
N’évacuant ni source ni flamme
Laissant cependant circuler l’air
La brume, la vapeur, éclair et tonnerre
Bourrasque et averse, ardente déchirure…
De la vallée du manque montent à présent
Les choses par l’azur aspirées
La lumière envahit tout l’intervalle
Propageant haleine d’embruns et saveurs d’algues
Le lointain est l’envol des pétales
Eperdus de vent
Et le proche l’écho d’une louange
Au nid éclaté
Alors souffle le juste Vide médian
Alors passe, in-attendu, l’ange
(François Cheng)
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Posted in poésie | Tagué: (François Cheng), algues, ange, averse, âme à âme, écho, éclair, évacuer, brume, chair, corps à corps, déchirure, flamme, in-attendu, louange, lumière, nid, pétale, sang, source | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 31 janvier 2020
Consens à la brisure
C’est là que germera
Ton trop-plein de crève-coeur
Que passera un jour
A ton insu la brise
(François Cheng)
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Posted in poésie | Tagué: (François Cheng), brise, brisure, consentir, crève-coeur, germer, insu, trop-plein | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 31 janvier 2020
Sais-tu entrer dans la douleur
du monde de toute ton âme,
Pareil au papillon de nuit
se jetant dans la flamme?
(François Cheng)
Recueil: Enfin le royaume
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (François Cheng), âme, douleur, entrer, flamme, monde, nuit, papillon, pareil, se jeter | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 31 janvier 2020
Lancinant attrait de l’homme pour la signification
qui est le sens de sa propre création,
qui est de fait la vraie « joui-sens ».
(François Cheng)
Illustration: Le Bernin
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Posted in poésie | Tagué: (François Cheng), attrait, création, homme, lancinant, signification | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 31 janvier 2020

Le vallon déserté
s’écoute puis s’oublie
dans la fumée d’automne
Une corneille se pose
au bout de la branche fourchue
de l’unique chêne
Son croassement frappe la rocheuse paroi
trop murée dans le silence
pour se faire encore
Écho
(François Cheng)
Recueil: A l’orient de tout
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (François Cheng), automne, écho, branche, chêne, corneille, croassement, déserte, fourchu, frapper, fumée, mûre, paroi, rocheux, s'écouter, s'oublier, se poser, silence, unique, vallon | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 31 janvier 2020
Source sourde à nos souillures
Sourde même à nos complaintes
Ourlant le sol de ses bulles
De ses billes et frisottis
Parant l’azur de nuées
Et le val d’éclats de pluie
Sourdant coulant le temps nu
Muant tous cris en mélodie
(François Cheng)
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Posted in poésie | Tagué: (François Cheng), azur, bille, bulle, complainte, cri, frisottis, mélodie, muer, nuées, ourler, parer, pluie, sol, souillure, source, sourde, temps, val | 2 Comments »