La maison du poète (Marc Alyn)
Posted by arbrealettres sur 24 février 2020
La maison du poète
Au bord d’un verger vert envahi d’herbe en fête
Se dressait le palais superbe du poète.
La maison était vieille au moins trois cent ans,
On entendait craquer ses poutres au printemps.
Les arbres se pressaient contre elle à s’étouffer,
Poiriers portant le nid mélodieux d’Orphée.
Mais les tuiles volaient au vent à tire-d’aile
– Fort bien, dit le poète: on verra mieux le ciel!
Quand il pleuvait, la pluie entrait comme chez elle
– Bon, c’est la porte aussi qu’emprunte l’hirondelle!
Les murs épais, dorés, ruisselaient de feuillages:
Vigne, lierre, rosiers pleins de lézards sans âge.
Au grenier résidait l’effraie, oiseau de nuit.
– C’est moi qui vis chez toi, Sagesse à l’oeil qui luit!
Deux chiens fous, un vieux puits, peu de pain dans la huche
– Mais du soleil au coeur plus que le miel en la ruche!
Depuis longtemps l’horloge s’était arrêtée
– Que l’heure loge ailleurs: pas le temps de compter!
Les cigales vibraient sans fin, de chaleur ivres,
Une plume fumait, dedans, les mots d’un livre.
Et le chant du poète en silence embaumait
La nature alentour ainsi qu’une fumée.
(Marc Alyn)
Maître Renard said
A reblogué ceci sur Maître Renard.