PASSE TA ROUTE (Herri Gwilherm Kerouredan)
Posted by arbrealettres sur 4 juillet 2020
PASSE TA ROUTE
I
L’égire du matin
stances muettes sur le seuil
lave ton corps déchu
avant qu’un fouet de houx
porteur d’une voix sans écaille
sillonne l’horizon
d’une main rejeté
à ta limite de l’épaule
dans la nuit de l’extase.
II
Lavandières voici minuit
l’eau trouble de la fontaine
attend déserte dans les pierres
recel d’une arche de frai
votre rencontre du blasphème
un siècle l’autre parfois
vierges jusqu’aux primes lueurs
lustrez d’oxyde les glaives
sous l’argile bleue répandus.
III
Salve dans l’oreille
dure fuyant par les ajoncs
certains qui le guettent
se terrent dans l’ajour des volets
jaunes sont les yeux
durant que le chemin se trace
déjà saccagé
par un geste aveugle de l’obscur
visage entre les bibelots
d’argile brûlé.
IV
Etreinte sombre de l’aïeul
des icônes se dérobe
lorsque cerné d’un linceul de plomb
se lève le soleil
lui franc gladiateur déjà ivre
d’un signe assèche les fleuves
bercée loin de l’étoile du gîte
sur les dalles se révulse
une complainte des sources.
V
Soleil de trembler
entre la plaine
la chute des épis
dans l’oreille vespérale
tu soulèves le vent
poitrine nue
à perte d’horizon.
VI
A midi germe de l’obscur
un pas sous le cèdre mesure
terreau d’ancienne douleur
le lieu perfide du repos
par la profusion des épis
l’oeil s’aveugle de désir.
Qui du ciel de l’été
épuise par l’hiver
l’aube des frissons
de ce geste figé
un pas dans les frimas
l’autre sous la lampe
enchante-t-il ce ciel
carmin de l’horizon
sur les routes blanches
où se bercent les corps
près des sources du soir
embaumés de songes.
Le fruit se gâte
quinquet sous la pluie
femme de ta main noire
guide vers le seuil
va quérir l’urne
mais le vent referme
qui de l’aube à la nuit
se trace des fleuves
terroir veux-tu
s’évasent les mains
brodeuses de repos
pour l’arbre du soir.
lX
Ses doigts se joignent sur sa plaie
par le sillon il titube
avant l’arbre de chez nous
le ventre s’ouvre sur la terre
appelant de l’océan
l’ondée du matin sur lui
passe ta route dira l’hôte
une pierre dans les yeux.
X
Mante glaciale du regard
contre la vitre dressé
recouvre de ton charme l’os
d’une blême nudité
hors la pluie se glissant caverne
flammes sur des lèvres de cire
brise la fleur des fournaises
souffle ce maître verrier
teintant de nuit l’âme des sables.
(Herri Gwilherm Kerouredan)
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