
Même la mort des autres, disait-il,
ne pourra jamais dissoudre l’abstraction de la nôtre.
Ainsi sommes-nous faits illusoirement éternels
en nous-mêmes.
(Bernard Montini)
Posted by arbrealettres sur 10 juillet 2020
Même la mort des autres, disait-il,
ne pourra jamais dissoudre l’abstraction de la nôtre.
Ainsi sommes-nous faits illusoirement éternels
en nous-mêmes.
(Bernard Montini)
Posted in méditations | Tagué: (Bernard Montini), abstraction, autres, éternel, dissoudre, illusoirement, mort | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 10 juillet 2020
EUSSE-JE ailleurs trouvé l’amour? — le jour s’endort
A l’occident, reviens : ne t’ai-je pas menée
Où flotte le parfum suave d’un rêve mort,
Ó Berthe, ô ma Gretchen, ô ma douce Renée?
… Tes grands yeux, et ta natte ingénue, et ta voix
Rieuse et musicale en naïves répliques,
Et ta candeur céleste alors que tu m’expliques
Les pourquoi fabuleux des choses que tu vois…
Heure unique d’amour inconsciente et chaste,
Crépuscule brûlant d’un radieux été; —
Oh! l’Idylle candide et tendre que c’était,
Malgré que soit venu cet autre soir néfaste.
Assis à tes genoux, dans l’ombre où se noyait
Ta forme, j’écoutais ta voix, comme en extase :
Chaque contour naïf me semblait une phrase;
Les mots inespérés et fous, que m’envoyait
Le souffle printanier de ta lèvre mutine,
Paraissaient onduler à l’entour de ton corps :
Pour moi, couleurs et sons se confondaient, alors,
En l’ivresse d’aimer une femme enfantine…
(Francis Vielé-Griffin)
Posted in poésie | Tagué: (Francis Vielé-Griffin), aimer, amour, candide, contour, corps, enfantine, extase, fabuleux, femme, idylle, inespéré, ivresse, naïf, natte, onduler, réplique, revenir, s'endormir, souffle, tendre, trouver, voix, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 10 juillet 2020
S’il pleuvait des larmes
Lorsque meurt un amour
S’il pleuvait des larmes
Lorsque des coeurs sont lourds
Sur la terre entière
Pendant quarante jours
Des larmes amères
Engloutiraient les tours
S’il pleuvait des larmes
Lorsque meurt un enfant
S’il pleuvait des larmes
Au rire des méchants
Sur la terre entière
En flots gris et glacés
Des larmes amères
Rouleraient le passé
S’il pleuvait des larmes
Quand on tue les coeurs purs
S’il pleuvait des larmes
Quand on crève sous les murs
Sur la terre entière
Il y aurait déluge
Des larmes amères
Des coupables et des juges
S’il pleuvait des larmes
Chaque fois que la mort
Brandissant ses armes
Fait sauter des décors
Sur la terre entière
Il n’y aurait plus rien
Que les larmes amères
Des deuils et du destin.
(Boris Vian)
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Boris Vian), amère, amour, arme, coeur, coupable, crever, décor, destin, deuil, enfant, engloutir, juge, larme, lourd, méchant, mort, mourir, mur, passé, pleuvoir, pur, rien, rire, sauter, terre, tour, tuer | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 10 juillet 2020
Omniprésente, imperturbable
Est la vie dont surgit la mort.
Il ne faut pas de plainte, il ne faut nulle plainte
Puisque les seigles ondulent près des ruines…
(Seamus Heaney)
Posted in poésie | Tagué: (Seamus Heaney), imperturbable, mort, omniprésente, onduler, plainte, ruine, seigle, surgir, vie | 8 Comments »
Posted by arbrealettres sur 10 juillet 2020
LA VOIX
Qui chante là quand toute voix se tait ? Qui chante
avec cette voix sourde et pure un si beau chant ?
Serait-ce hors de la ville, à Robinson, dans un
jardin couvert de neige ? Ou est-ce là tout près,
quelqu’un qui ne se doutait pas qu’on l’écoutât ?
Ne soyons pas impatients de le savoir
puisque le jour n’est pas autrement précédé
par l’invisible oiseau. Mais faisons seulement
silence. Une voix monte, et comme un vent de mars
aux bois vieillis porte leur force, elle nous vient
sans larmes, souriant plutôt devant la mort.
Qui chantait là quand notre lampe s’est éteinte ?
Nul ne le sait. Mais seul peut entendre le coeur
qui ne cherche la possession ni la victoire.
(Philippe Jaccottet)
Posted in poésie | Tagué: (Philippe Jaccottet), écouter, éteinte, b=ville, chanter, chercher, coeur, entendre, force, impatient, invisible, jardin, lampe, larme, neige, porte, possession, précéder, savoir, sourire, victoire, ville, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 10 juillet 2020
Ton regard me défie.
Le souffle de l’embrun
Caresse ton sein brun
Que mon chant glorifie.
L’étreinte ratifie
L’entente entre nous.
Je t’honore à genoux
Et je te déifie.
A toi je le confie
Mon grand péché mortel
Et sur son bel autel
L’amour nous sanctifie
(Jean-Baptiste Besnard)
Posted in poésie | Tagué: (Jean-Baptiste Besnard), amour, autel, à genoux, étreinte, caresser, chant, confier, défier, déifier, entente, glorifier, honorer, pêche, regard, sanctifier, sein, souffle | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 10 juillet 2020
Plein fouet
si je parle moi
parle-moi
par le moi de toi
comme une soeur pleurée
plein fouet
ta mort
(Martine Broda)
Posted in poésie | Tagué: (Martine Broda), fouet, moi, mort, parler, soeur, toi | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 10 juillet 2020
Skuiz maro
Jouer à mourir et que ce jeu dure
Encore un été
Vivoter d’ennui et puis en voiture
Pour l’éternité
La mort que j’attends, la mort que j’espère
C’est ma mort à moi
Au long de mon corps enfin terre à terre
Dormir comme un Roi
Chez nous on meurt pour changer d’air
Chez nous on meurt pour se distraire.
Assommez-le ! Faites-le taire !
(Antony Lhéritier)
Illustration: Guillaume Bodinier
Posted in poésie | Tagué: (Anthony Lhéritier), air, assommer, attendre, été, éternité, changer, corps, dormir, durer, ennui, espérer, jeu, jouer, mort, mourir, roi, taire, vivoter, voiture | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 10 juillet 2020
La première
fille
que j’ai vue
aussi nue
qu’un jardin
en hiver
son frère
me l’avait
échangée
contre
des billes
au regard
de félins
Je mourais
de méningite
cérébrale
et ne savais
rien
de nos douze
ans
ni du jeu
de marelle
sous les jupes
Elle a dit oui
d’accord
je t’aime bien
tu sais
Puis
ôtant sa robe
à dix sous
je vis
ce qu’il y
avait dessous
Et même
dans ses yeux
ronds
aussi
parfaits
qu’un Parthénon
quand
ma mort s’en alla
entre
ses mains
de petite ménagère
des miracles
du corps
(Werner Lambersy)
Posted in poésie | Tagué: (Werner Lambersy), aimer, ôter, corps, dessous, fille, jeu, jupe, main, marelle, ménagère, méningite, miracle, mort, mourir, nue, parfait, première, robe, rond, yeux | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 10 juillet 2020
Je ne savais pas trop quoi dire.
Je me sentais très maladroit.
Je ne savais comment l’atteindre, où le rejoindre.
C’est tellement mystérieux,
le pays des larmes.
(Antoine de Saint-Exupéry)
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Antoine de Saint-Exupéry), atteindre, dire, larme, maladroit, mystérieux, pays, rejoindre, savoir, se sentir | Leave a Comment »