Arbrealettres

Poésie

La mer (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 7 août 2020



La mer

Les îles de Chausey partent à la dérive.
Je m’accroche avec force à la rive perfide
Qui risque de crouler sous des coups de boutoir
Tandis que le soleil, disque volumineux,
Se morfond, solitaire, au bord de l’horizon.

La côte se prélasse en robe d’Emeraude
Où tu veilles, bergère et « fée des grèves » vastes(1),
Sur ton troupeau de blancs moutons des prés-salés
Qui paît à ras des flots, aux abords de Cherrueix,
L’herbe d’iode et de sel poussant dans les polders.

Je pirate parfois dans les ombres naissantes
Avec les loups de mer sur leurs vaisseaux fantômes.
Dans le bief du Vivier, je vois, après la pêche,
Quelques barques venir s’embosser dans la vase.

Il existe des mers que je n’ai jamais vues,
Pour croire qu’elles sont plus belles que la mienne.
Le phare de Cancale a grignoté la nuit ;
Ce gros œil de cyclope, ouvert au bout du cap,
Se braque sur la grève où j’échoue mon esquif.

La vague roule et roule un galet, le polit,
L’arrondit avec soin : il épouse la forme
De ma main qui l’emporte et garde dans sa chair
Le souvenir puissant d’une forte marée
D’équinoxe qu’on vit galoper dans la baie.
Il trône sur le bord de notre cheminée,
Près d’une goélette à trois-mâts qui navigue
Dans une bouteille, œuvre d’un vieux terre-neuvas.

(1) Titre que porte une jolie jeune fille élue au cours d’une
kermesse. Sorte de  » Miss locale »

(Jean-Baptiste Besnard)


Illustration

Une Réponse vers “La mer (Jean-Baptiste Besnard)”

  1. Esquif d’azur
    ———-

    Le capitaine est pauvre et n’est pas malheureux,
    Jamais il ne craignit la sirène enragée ;
    En étrange voyage est sa vie engagée,
    La barre, il la maintient de son bras vigoureux.

    De la mer et du ciel son coeur est amoureux,
    Sa nef est élégante et n’est pas trop chargée ;
    Son âme en des calculs est bien souvent plongée,
    Que lui ont enseignés ses maîtres rigoureux.

    Vu de loin, le vaisseau semble une barque vide,
    Un pauvre esquif perdu dans un courant perfide ;
    Cependant, ce n’est point une épave en détresse.

    Il est reconnaissant à son robuste corps,
    Même s’il sait qu’un jour il trouvera la mort ;
    En attendant, sa nef est sa seule maîtresse.

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