La fin du jeûne (Hâfez Shirâzi)(Hafiz)
Posted by arbrealettres sur 20 décembre 2020
La fin du jeûne
Quand la rose et le vin et l’ami sont à toi, le
roi du monde est ton esclave, ce jour-là.
N’éclairez pas notre assemblée à la chandelle : le
clair de lune de l’ami se passe d’elle !
Le vin, certes, est licite, selon notre Loi,
mais il est illicite si tu n’es pas là !
J’écoute la voix du roseau, celle du luth, et je
cherche des yeux le rubis de tes lèvres et la
coupe de vin qui circule entre nous.
Pourquoi répandre du parfum ici, chez nous,
quand nous embaume l’odeur de ta chevelure ?
Ne parle pas du goût du candi, ni du sucre, car ma
bouche est sucrée au goût de tes deux lèvres !
Tant que gît, dans mon coeur en ruine, mon chagrin, je
prends toujours ma place au coin du temple ancien.
Que parles-tu de ma réputation infâme, car
c’est cette infamie-là qui fait mon renom ?
Et que demandes-tu, à propos de mon nom,
puisque j’ai honte d’avoir un renom infâme ?
Nous sommes vagabonds, ivrognes, libertins et
voyeurs. Mais qui ne l’est pas, dans cette ville ?
Hâfez, ne sois jamais sans amour et sans vin :
voici rose et jasmin – le jeûne va finir.
***
(Hâfez Shirâzi)(Hafiz)
Traduction: Vincent-Masour Monteil
Editions: Actes Sud
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