L’Écureuil (Paul Fort)
Posted by arbrealettres sur 25 mars 2021
L’Écureuil
Ecureuil du printemps, écureuil de l’été, qui domines
la terre avec vivacité, que penses-tu là-haut de notre
humanité ?
— Les hommes sont des fous qui manquent de gaîté.
Ecureuil, queue touffue, doré trésor des bois, ornement
de la vie et fleur de la nature, juché sur ton pin vert, dis-
nous ce que tu vois ?
— La terre qui poudroie sous des pas qui murmurent.
Ecureuil voltigeant, fier du pic bavard, cousin du
rossignol, ami de la corneille, dis-nous ce que tu vois par
delà nos brouillards ?
— Des lances, des fusils menacer le soleil.
Ecureuil, cul à l’air, cursif et curieux, ébouriffant ton
col et gloussant un fin rire, dis-nous ce que tu vois sous
la rougeur des cieux ?
— Des soldats, des drapeaux qui traversent l’empire.
Ecureuil aux yeux vifs, pétillants, noirs et beaux, hu-
mant la sève d’or, la pomme entre tes pattes, que vois-tu
sur la plaine autour de nos hameaux ?
— Monter le lac de sang des hommes qui se battent.
Ecureuil de l’automne, écureuil de l’hiver, qui lances
vers l’azur, avec tant de gaîté, ces pommes… que vois-tu ?
— Demain tout comme Hier.
Les hommes sont des fous et pour l’éternité.
(Paul Fort)
Maître Renard said
A reblogué ceci sur Maître Renard.
Cochonfucius said
Trésor de l’escuiruel
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Je suis un fier rongeur, expert en friandises,
J’en ai tout un paquet qui sous la terre dort ;
Mais pour les retrouver, je ne suis pas très fort
Et je tombe, en creusant, sur d’autres marchandises.
Or, je ne m’en plains pas, car j’aime les surprises,
Heureux de voir parfois surgir un lingot d’or ;
D’adorer ce métal, les humains n’ont pas tort,
Mais je ne voudrais point tomber sous son emprise.
Perdre deux ou trois noix, ce n’est pas un malheur,
Car ces modestes fruits sont presque sans valeur,
Surtout quand on connaît des coins où ils abondent.
Enterrer déterrer, certes, c’est du boulot,
Même avec le secours des ouvriers mulots ;
Mais sur de tels efforts ma morale se fonde.
Cochonfucius said
Saint Escuiruel
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Ce saint rongeur grimpe aux rochers
Puis dans un trou d’arbre il se cache ;
Fier comme un coq sur son clocher,
Il lisse sa fine moustache.
Sur un grimoire il s’est penché
Qu’écrivit jadis Sainte Vache ;
Dès sa jeunesse, il fut touché
Par cette grande âme sans tache.
Puis il écoute Saint Renard
Qui de porter son chef a l’art
Sans craindre les démons sauvages.
Il a des noix pour son repas,
Du jus de mûres pour breuvage ;
La disette, il ne la craint pas.