Arbrealettres

Poésie

Chant Alterné (Leconte de Lisle)

Posted by arbrealettres sur 1 mai 2021



Chant Alterné

I
Éros aux traits aigus, d’une atteinte assurée,
Dés le berceau récent m’a blessée en ses jeux;
Et depuis, le désir, cette flèche dorée,
Étincelle et frémit dans mon coeur orageux.

II
Les roses de Sâron, le muguet des collines,
N’ont jamais de mon front couronné la pâleur;
Mais j’ai la tige d’or et les odeurs divines
Et le mystique éclat de l’éternelle Fleur.

I
Plus belle qu’Artémis aux forêts d’Ortygie,
Rejetant le cothurne en dansant dénoué,
Sur les monts florissants de la sainte Phrygie
J’ai bu les vins sacrés en chantant Évohé !

II
Un esprit lumineux m’a saluée en reine.
Pâle comme le lys â l’abri du soleil,
Je parfume les coeurs; et la vierge sereine
Se voile de mon ombre à l’heure du sommeil.

Dans l’Attique sacrée aux sonores rivages,
Aux bords Ioniens où rit la volupté,
J’ai vu s’épanouir sur mes traces volages
Ta fleur étincelante et féconde, ô Beauté!

II
Les sages hésitaient ; l’âme fermait son aile ;
L’homme disait au ciel un triste et morne adieu :
rai fait germer en lui l’Espérance éternelle,
Et j’ai guidé la terre au-devant de son Dieu !

I
O coupe aux flots de miel oit s’abreuvait la terre,
Volupté ! Monde heureux plein de chants immortels !
Ta fille bien aimée, errante et solitaire,
Voit l’herbe de l’oubli croître sur ses autels.

II
Amour, amour sans tache, impérissable flamme !
L’homme a fermé son coeur, le monde est orphelin.
Ne renaitras-tu pas dans la nuit de son âme,
Aurore du seul jour qui n’ait pas de déclin?

(Leconte de Lisle)

 

 

2 Réponses vers “Chant Alterné (Leconte de Lisle)”

  1. Monstre lumineux
    ——

    Ce noble monstre arbore un corps fait de lumière,
    Je vois sur son blason de très vives couleurs ;
    Je crois qu’il est loin d’être un oiseau de malheur,
    Lui qui courtoisement visite nos chaumières.

    Merlin lui enseigna d’excellentes manières,
    Afin qu’il fût aimé des hommes de valeur ;
    Il sait se rafraîchir au temps de la chaleur,
    Faisant un éventail de sa grande bannière.

    La muse qu’avec lui j’entendis bavarder
    Désirait qu’avec elle il s’en vînt lézarder ;
    Mais il était plutôt d’une humeur vagabonde.

    Vers le bord du grand fleuve il marche lentement,
    Une étoile déjà s’allume au firmament ;
    Un poisson le salue, venu des eaux profondes.

    • Oiseau qui n’écrit pas
      ————

      Moi qui n’ai jamais eu la folie des grandeurs,
      L’encrier de chez moi, nullement je n’y touche ;
      Je me méfie des mots qui sur rien ne débouchent,
      De prose ni de vers je ne serai vendeur.

      D’autres pour s’exprimer ne manquent pas d’ardeur,
      Pour eux, le coche est loin de monter sans la mouche ;
      Ils dévoilent leur âme, ils ne sont pas farouches,
      Et, s’ils sont indiscrets, c’est en toute candeur.

      D’étaler mes tourments n’est pas dans ma nature,
      J’ai d’autres intérêts que la littérature :
      M’abriter quand il pleut, m’envoler s’il fait beau.

      Rien n’est là pour durer dans ce monde qui change ;
      Je suis comme un noyé qui s’enfonce dans l’eau
      Ou les cendres d’un mort qui descendent le Gange.

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