Arbrealettres

Poésie

Le vent vient en ma maison (Hubert Juin)

Posted by arbrealettres sur 26 mai 2021



 

Le vent vient en ma maison. Il gratte à ma porte.
Le vent m’emporte, me transporte, me rapporte.
Le vent me perd en chemin. C’est un diable, un requin.
Le vent a de grandes mains de lavandière, de mannequin.
Le vent broie le linge et le pain, boit mon vin,
Le vent courbe la fleur du lin, rameute les embruns.
Le vent convoque le thym. Le vent s’en va, s’en vient.
Le vent met le mal au bien, joue à la petite-main.
Le vent effraie mon chien. Le vent m’appelle :
je viens…

(Hubert Juin)

Illustration

Une Réponse vers “Le vent vient en ma maison (Hubert Juin)”

  1. Manoir ordinaire
    ———-

    Nous sommes six reclus, trois hommes et trois femmes,
    Et jamais nous n’avons abusé des plaisirs ;
    Calmes sont nos propos, faibles sont nos désirs,
    On ne voit en nos coeurs que de modestes flammes.

    Nous sommes paresseux, que nul ne nous en blâme,
    Plusieurs de nos matins se passent à dormir ;
    Parfois même, en plein jour, je le dis sans frémir,
    Nous restons au salon sans en foutre une rame.

    Ensemble du déclin nous prenons le chemin,
    L’âge nous affaiblit, comme tous les humains ;
    Nous ne nous plaignons pas, ça pourrait être pire.

    Nous resterons ainsi, trois femmes et trois hommes,
    Toujours indifférents aux troubles de l’Empire ;
    Et pas trop mécontents d’être ce que nous sommes.

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