Moi j’irai dans la lune (René de Obaldia)
Posted by arbrealettres sur 20 juin 2021
Moi, j’irai dans la lune
Avec des petits pois,
Quelques mots de fortune
Et Blanquette, mon oie.
Nous dormirons là-haut
Un p’tit peu de guingois
Au grand pays du froid
Où l’on voit des bateaux
Retenus par le dos.
Bateaux de brise-bise
Dont les ailes sont prises
Dans de vastes banquises
Et des messieurs sans os
Remontent des phonos.
Blanquette sur mon coeur
m’avertira de l’heure :
Elle mange des pois
Tous les premiers du mois.
Elle claque du bec
Tous les minuits moins sept.
Oui, j’irai dans la lune !
J’y suis déjà allé
Une main dans la brume
M’a donné la fessée,
C’est la main de grand-mère
Morte l’année dernière.
(La main de mon Papa
Aime bien trop les draps !)
Oui, j’irai dans la lune,
Je vais recommencer.
Cette fois en cachette
En tenant mes souliers.
Pas besoin de fusée
Ni de toute une armée,
Je monte sur Blanquette
Hop ! on est arrivé.
(René de Obaldia)
Cochonfucius said
Doigt qui montre un astre
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Le Sage a désigné la Lune ensommeillée,
De regarder son doigt le disciple aurait tort ;
Tous deux sont revêtus de robes mal taillées,
Leur établissement ne roule pas sur l’or.
Leur porte grince un peu, la serrure est rouillée,
Une fenêtre laisse entrer le vent du Nord ;
Leur petite maison n’est jamais verrouillée,
Sauf, assez rarement, quand tout le monde sort.
Pour un tonneau de vin, le Maître vend ses bottes,
Même si son breuvage est surtout de la flotte ;
Deux verres devant lui toujours sont disposés.
Qu’a-t-il donc découvert, ce vieil homme qui pense ?
D’une belle trouvaille il n’a point remembrance,
Mais un petit sonnet suffit à l’apaiser.
Cochonfucius said
Planète Pierdacandra
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Les nobles de chez nous sont des vaches sacrées,
Cette réalité surprend les étrangers ;
Mais c’est un simple fait, qu’il n’ont pas à juger,
C’est dans notre culture une coutume ancrée.
La noblesse n’est pas une caste exécrée,
Surtout celle d’ici, laquelle est sans danger ;
Le peuple souverain n’y voudra rien changer,
Toujours très modéré dans les lois qu’il se crée.
Jamais l’égalité ne sera proclamée,
Ni nos âmes jamais ne seront enflammées,
Car la foule, chez nous, ne fait rien de brutal.
Il ne nous convient pas de faire du vacarme,
Ni de revêtir des armures de métal ;
Tous nos affrontements sont des combats sans armes.