FRISSON D’HIVER (Emile Nelligan)
Posted by arbrealettres sur 23 juin 2021

FRISSON D’HIVER
Les becs de gaz sont presque clos :
Chauffe mon coeur dont les sanglots
S’épanchent dans ton coeur par flots,
Gretchen !
Comme il te dit de mornes choses,
Ce clavecin de mes névroses,
Rythmant le deuil hâtif des roses,
Gretchen !
Prends-moi le front, prends-moi les mains,
Toi, mon trésor de rêves maints
Sur les juvéniles chemins,
Gretchen !
Quand le givre qui s’éternise
Hivernalement s’harmonise
Aux vieilles glaces de Venise,
Gretchen !
Et que nos deux gros chats persans
Montrent des yeux reconnaissants
Près de l’âtre aux feux bruissants,
Gretchen !
Et qu’au frisson de la veillée,
S’élance en tendresse affolée
Vers toi mon âme inconsolée,
Gretchen !
Chauffe mon coeur, dont les sanglots
S’épanchent dans ton coeur par flots.
Les becs de gaz sont presque clos…
Gretchen !
(Emile Nelligan)
jJean-Baptiste Besnard said
Joli texte avec une superbe illustration
arbrealettres said
Poète du Québec, je ne connaissais pas du tout
jeanbaptistebesnard said
Je retrouve un texte qui peut exprimer la même idée de « chauffage » entre amants :
Tu me réchauffes avec d’ardentes paroles
Tu es la fleur et son pollen
l’abeille et son miel
et toute une ruche de plaisirs
Tu es le papillon volage
dans sa robe d’été
qui va au bal des prés
et je suis jaloux du regard des autres
Tu es l’oiseau et son nid
avec la plume qui me chatouille
et la mousse qui m’accueille
Tu es la source et le caillou
qui ricoche sur la surface
du miroir dt ta chambre
pour réveiller le crapaud
qui dort sur le nénuphar de ton lit flottant
J’écoute couler tes larmes légères
ou éclater ton rire volatile
Tu te vautres nue dans tous les tissus
et revis à chaque aube
plus belle sous mes chaudes caresses.
Lundi 16.03.1986
arbrealettres said
En effet!! Chaud devant!!! (((-: