AUTOMNE (Maurice Fombeure)
Posted by arbrealettres sur 3 septembre 2022
AUTOMNE
Automne, automne, automne, oh,
La saison de l’ancolie
La saison où les tonneaux
Se remplissent de folie,
Saison du blaireau, du loir
Et des premiers doigts du froid,
Bords de la Loire ou du Loir
— Monte la fumée des rois —
Automne, automne, automne, oh,
Un maigre fagot de bois
Des paraphes infernaux
Sur le ciel glacé de droit,
Puis des brumes ravigotes,
Des écharpes de velours,
Des guivres, des matelotes
Des rumeurs et des tambours
Automne, automne, automne, oh.
C’est la rentrée des écoles,
C’est la rentrée des tonneaux
Des rouliers de Picrochole.
La poix des matins des soirs.
Jeux brutaux et têtes-bêches,
Le morne ennui des dortoirs.
Les souliers et les bobèches.
Automne, automne, oh, chenu
Mon coeur se fond d’amertume
Les bois, les taillis sont nus
Le givre aux lampes s’allume.
Mon enfance vous évoque
Tandis qu’un soleil léger
Pâle comme oeuf à la coque
S’élève sur les vergers.
Oh garde-moi ma présence
Là-bas près des figuiers bleus
J’y reconnais mon enfance
Mon petit sarrau de serge
Sous le regard des persiennes
Où dorment ceux que j’aimais
J’y entends des voix anciennes
Qui ne se tairont jamais.
(Maurice Fombeure)
Cochonfucius said
Barde-blaireau
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Ce petit carnivore aime les ritournelles,
Pour en imaginer son talent se déploie ;
Grâce aux bénédictions dont la Muse l’ondoie,
Il peut s’aventurer dans des terres nouvelles.
La poésie n’est pas sa langue naturelle,
Aussi, dans ses écrits, des lacunes se voient ;
Mais son coeur est présent dans les mots qu’il emploie,
Poursuivant son labeur auprès d’une chandelle.
Il n’usera jamais de phrases raffinées,
Il ne tracera point de lettre enluminée ;
Sobre il demeurera, telle est sa destinée.
Il n’abordera point l’horreur ni le mystère,
Il n’appliquera point de principes austères ;
Son modeste logis n’est pas un monastère.