La poésie est une vie trop dense (Christian Bobin)
Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2022
Illustration
que la lecture de poèmes
très vite me fatigue
Les mots cognent sous mes tempes
C’est que la poésie
est une vie trop dense
comme un alcool trop fort
qui brûle le crâne
Cela ne vient pas de la poésie
mais de moi
je ne peux vivre de vraie vie
qu’un instant pas plus
On dit que nul ne peut voir Dieu
sans aussitôt mourir
Moi je crois qu’une seconde
de vie pure
non tempérée non diluée
nous éclaterait le coeur
et que nous ne pourrions la supporter
C’est peut-être quelque chose comme cela
qui arrive
dans la beauté la poésie l’amour
Nous sommes pris soulevés
dans une main de feu
qui heureusement nous repose
sur nos chemins habituels
de salamandres
Ne reste plus qu’à filer
dans les fossés les sous-bois
où le danger est moins grand
et l’amour plus lointain
(Christian Bobin)
Recueil: La Vie Passante
Editions: Fata Morgana
Luciole said
« C’est que la poésie
est une vie trop dense
comme un alcool trop fort »
il m’arrive de ressentir ça aussi parfois. Comme d’entrer dans une librairie ou un musée, « trop » de sollicitation peut-être, l’impression que je n’arriverais jamais à tout découvrir, si fort que ça me donne le vertige.
arbrealettres said
sans doute faut-il des moments-jachères
savoir laisser reposer la Terre de notre Esprit-Coeur-Corps-Âme
pour ne pas .. « éclater » ??
et aussi parfois TELLEMENT besoin de cet « alcool » pour s’enivrer la Vie
dont le goût est devenu amer ou insipide…
Besoin de Vertiges pour se relever
mais Christian Bobin le dit tellement mieux …
Merci Luciole de ton ressenti 🙂