Cent fois que je vais à la poste (Varlam Chalamov)
Posted by arbrealettres sur 21 décembre 2022
Cent fois que je vais à la poste
Pour aller chercher ta lettre.
À présent la nuit je ne dors plus,
je ne vis plus le jour.
Je crois, je crois à tous les signes,
Aux songes comme aux araignées,
Je crois aux skis, je crois en été
Aux barques étroites qui filent.
Je crois au vrombissement des automobiles,
À leurs orageux diesels,
Aux colombes messagères,
Aux mâts des navires.
Je crois aux sifflets des vapeurs,
Je crois aux trains,
Même à l’été
Je crois parfois.
Je crois dans les traîneaux à rennes,
Dans la boussole du voyageur
Près de ses cartes engivrées
Et dans la désolation de l’heure.
Dans les vaillantes kibitkas
Et dans les chiens d’attelage,
Aux escargots et leur sang-froid,
À l’indolence des tortues.
Je crois comme par enchantement,
Au sang qui se glace,
Je crois aussi à la patience
Et à ton amour.
(Kibitka : traîneau couvert)
(Varlam Chalamov)
Recueil: Cahiers de La Kolyma
Traduction: du russe par Christian Mouze
Editions: Maurice Nadeau
This entry was posted on 21 décembre 2022 à 5:08 and is filed under poésie. Tagué: (Varlam Chalamov), aller, amour, araignée, attelage, automobile, à présent, été, étroit, barque, boussole, carte, chercher, chien, colombe, croire, désolation, diesel, dormir, enchantement, engivrer, escargot, filer, glacer, heure, indolence, jour, lettre, mât, messager, navire, nuit, orageux, parfois, patience, poste, renne, sang, sang-froid, sifflet, signe, ski, songe, tortue, traîneau, train, vaillant, vapeur, vivre, voyageur, vrombir. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, ou trackback from your own site.
Qu'est-ce que ça vous inspire ?