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Posts Tagged ‘absinthe’

L’heure verte (Charles Cros)

Posted by arbrealettres sur 5 août 2019



 

L’heure verte

Comme bercée en un hamac
La pensée oscille et tournoie,
A cette heure où tout estomac
Dans un flot d’absinthe se noie.

Et l’absinthe pénètre l’air,
Car cette heure est toute émeraude.
L’appétit aiguise le flair
De plus d’un nez rose qui rôde.

Promenant le regard savant
De ses grands yeux d’aigues-marines,
Circé cherche d’où vient le vent
Qui lui caresse les narines.

Et, vers des dîners inconnus,
Elle court à travers l’opale
De la brume du soir. Vénus
S’allume dans le ciel vert-pâle.

(Charles Cros)

Illustration: Viktor Oliva

 

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VOCATION (Charles Cros)

Posted by arbrealettres sur 14 février 2018



 

Frederick Luff Serveuse

VOCATION

Jeune fille du caboulot,
De quel pays es-tu venue
Pour étaler ta gorge nue
Aux yeux du public idiot?

Jeune fille du caboulot,
Il te déplaisait au village
De voir meurtrir, dans le bel âge
Ton pied mignon par un sabot.

Jeune fille du caboulot.
Tu ne pouvais souffrir
Nicaise,
Ni les canards qu’encor niaise
Tu menais barboter dans l’eau.

Jeune fille du caboulot,
Né penses-tu plus à ta mère,
A la charrue, à ta chaumière?…
Tu ne ris pas à ce tableau.

Jeune fille du caboulot,
Tu préfères à la charrue
Écouter les bruits de la rue
Et nous verser l’absinthe à flot.

Jeune fille du caboulot,
Ta mine rougeaude était sotte,
Je t’aime mieux ainsi, pâlotte,
Les yeux cernés d’un bleu halo.

Jeune fille du caboulot,
Dit un sermonneur qui t’en blâme,
Tu t’ornes le corps plus que l’âme,
Vers l’enfer tu cours au galop.

Jeune fille du caboulot.
Que dire à cet homme qui plaide
Qu’il faut, pour bien vivre, être laide,
Lessiver et se coucher tôt?

Jeune fille du caboulot,
Laisse crier et continue
A charmer de ta gorge nue
Les yeux du public idiot.

(Charles Cros)

Illustration: Frederick Luff

 

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L’odeur de délices (Marie Dauguet)

Posted by arbrealettres sur 16 novembre 2017



Illustration: Vincent van Gogh
    
L’odeur de délices

L’odeur de délices
S’évapore et glisse
Des bois qui pourrissent,

Odeur ténébreuse
Des glèbes tourbeuses
Que l’averse creuse,

Parfum lourd d’extase
Qui lent s’extravase
Des prés pleins de vase.

Secret qu’on épelle,
Rousse odeur d’aisselle,
Planez comme une aile.

Folle odeur d’étreinte
Qu’octobre suinte,
Je bois ton absinthe

Emdolorissante;
Dans ma chair fermente,
Odeur éloquente.

Désir, Désir, est-ce,
Subtile rudesse,
Ton geste qui blesse?

Divines blandices,
Odeur de délices
Des bois qui pourrissent,

Jusqu’à la torture
J’aime ta brûlure,
Volupté obscure.

(Marie Dauguet)

 

 

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L’Amour des deux Jacinthes (Christian Jodon)

Posted by arbrealettres sur 20 août 2017



 

L’Amour des Deux Jacinthes

Là-haut sur la colline
Y-a-t’un joli jardin
Lavande et romarin
Lavande et romarin

Il y a deux jacinthes
Dans ce joli jardin
Le jardin de tes yeux
Remplis de romarin
Lavande du ciel bleu
Deux jacinthes au jardin

Pour tes jolies jacinthes
J’ai pleuré dans mes mains
Lavande et romarin
Lavande et romarin

Insensible à ma plainte
Ni jour d’hui ni demain
Pour tes jolies jacinthes
Je pleurerai sans fin
Modulant la complainte
De ton regard de lin

Là-haut sur la colline
Y-a-t’un joli jardin
Lavande et romarin
Lavande et romarin

Ton jardinier jardine
Tes deux yeux au jardin
Le parfum de tes yeux
Vaut bien le romarin
Lavande du ciel bleu
Deux jacinthes au jardin

Le vent de la colline
M’apporte ton parfum
Lavande et romarin
Lavande et romarin

Le parfum de jacinthe
De tes beaux yeux de lin
Avec un goût d’absinthe
D’amer et de citrin

Au jardin de tes yeux
J’irai mourir demain

(Christian Jodon)

Illustration: Josephine Wall

 

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L’heure verte (Charles Cros)

Posted by arbrealettres sur 20 juillet 2017



L’heure verte

Comme bercée en un hamac
La pensée oscille et tournoie,
A cette heure où tout estomac
Dans un flot d’absinthe se noie.

Et l’absinthe pénètre l’air,
Car cette heure est toute émeraude.
L’appétit aiguise le flair
De plus d’un nez rose qui rôde.

Promenant le regard savant
De ses grands yeux d’aigues-marines,
Circé cherche d’où vient le vent
Qui lui caresse les narines.

Et, vers des dîners inconnus,
Elle court à travers l’opale
De la brume du soir. Vénus
S’allume dans le ciel vert-pâle.

(Charles Cros)

Illustration: Giovanni de Lutero

 

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LENDEMAIN (Charles Cros)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2017



 

LENDEMAIN
A Henri Mercier.

Avec les fleurs, avec les femmes,
Avec l’absinthe, avec le feu,
On peut se divertir un peu,
Jouer son rôle en quelque drame.

L’absinthe bue un soir d’hiver
Eclaire en vert l’âme enfumée,
Et les fleurs, sur la bien-aimée
Embaument devant le feu clair.

Puis, les baisers perdent leurs charmes,
Ayant duré quelques saisons.
Les réciproques trahisons
Font qu’on se quitte un jour, sans larmes.

On brûle lettres et bouquets
Et le feu se met à l’alcôve,
Et, si la triste vie est sauve,
Restent l’absinthe et ses hoquets.

Les portraits sont mangés des flammes ;
Les doigts crispés sont tremblotants…
On meurt d’avoir dormi longtemps
Avec les fleurs, avec les femmes.

(Charles Cros)

Illustration: Viktor Oliva

 

 

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LES ABSINTHES (Gaston Couté)

Posted by arbrealettres sur 1 février 2017



LES ABSINTHES

Attends-moi ce soir, m’as-tu dit, maîtresse ;
Et, tout à l’espoir d’avoir ta caresse,
Je me suis assis au banc d’un café ;
Mes yeux inquiets vont de la terrasse
Au clair va-et-vient des femmes qui passent,
Croyant chaque fois te voir arriver.

Tout en t’attendant j’ai pris une absinthe.
L’heure où tu devais venir, l’heure tinte
Tu n’es pas là. Mon verre est vide. Une autre absinthe !

L’eau tombe en mon verre à très lentes gouttes
Et mon cœur où tel vient tomber le doute
Pose des questions tout seul et tout bas ;
Gardant comme un leurre un brin d’espérance
Tandis que le soir s’engrisaille, il pense
Au deuil de ma nuit si tu ne viens pas.

Tout en t’attendant, j’ai pris deux absinthes.
Ton heure est passée, une autre tinte
Et rien encor ! Mon verre est vide… Une autre absinthe !

Non, décidément ! Assez de t’attendre !
Tu ne viendras pas, car je crois comprendre
Ce que je saurai peut-être demain ;
En partant me voir, d’autres t’ont suivie.
Tu m’as oublié puisque c’est la vie
Et t’es arrêtée à moitié chemin.

Tout en t’attendant j’ai pris trois absinthes,
Et compté trois fois les heures qui tintent.
C’est bien fini ! Mon verre est vide. Une autre absinthe !

Je veux me saouler à rouler par terre.
Comme un vrai cochon. Quant à toi, ma chère,
Si quelque regret te ramène ici,
Et que tu me voies sous les pieds des tables,
Ne t’arrête pas et va-t’en au diable !…
J’ai le cœur trop sale en ce moment-ci.

Je ne t’attends plus et prends des absinthes
Sans me soucier des heures qui tintent…
Holà ! garçon ! Mon verre est vide !… Une autre absinthe !

(Gaston Couté)

Illustration: Viktor Oliva

 

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L’ange appuie sur le puits (Philippe Leuckx)

Posted by arbrealettres sur 22 février 2016



Vassili Grigorievitch Perov_troika [800x600]

L’ange appuie sur le puits
Ses cerceaux d’absinthe
De jeunes enfants trop maigres
Allument haut leurs yeux
Pour boire en suspens le seau de neige.

(Philippe Leuckx)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

Illustration: Vassili Grigorievitch Perov

 

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