Posts Tagged ‘abstrait’
Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2022

ON NE PARLE QUE DU TEMPS
Que devient la dent féroce,
la fêlure froide des heures,
sinon du temps ? La chair,
pourrie quelques années plus tard, quelques rues
plus loin. Puis vint l’aboiement de l’ombre,
ce chien abstrait lui dévora le visage.
Et le champignon foulé au pied,
négligemment, et la fumée dense
des terrasses, parfaite,
que deviendront-ils, sinon du temps ?
Pas seulement les griffes, ni même
l’horloge, puits ouvert dans un mur
cobalt. Pas seulement le mois qui forme
des rides, ni l’année avec sa queue
de scorpion. Aussi la main
qui trace l’incision de chirurgie,
et celle qui dissèque un organisme vivant.
Je ne parle pas seulement de la seconde prolongée,
irrésolue, qui détruit le coeur ou taille
les pierres. Je parle à peine du temps,
de l’automne qui s’est jeté par terre
pour boire les couleurs du jardin,
de la fleur qui torture
par sa stricte géométrie aveugle.
Temps debout, eau qui lutte
encore contre l’hiver, temps aussi
l’armée assyrienne qui avançait,
comme une forêt de pierre,
sur Ninive, les fleurs dans le parc
de Rodin, temps encore la sphinge
et sa stupeur vide dans une cité
qui ne fut pas faite pour elle, temps
ce groupe de mandrills
qui vénèrent le soleil. Tout saigne
et se meut, tout est temps
et amour, scintillement de l’absence :
ainsi jaillit du sein le lait, le temps.
(Jaime Labastida)
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Jaime Labastida), aboiement, absence, abstrait, champignon, chien, chirurgie, couleur, dévorer, féroce, fleur, fumée, griffe, hiver, horloge, incision, jaillir, jardin, lait, mandrill, ombre, parc, parler, puits, ride, scorpion, sein, soleil, stupeur, temps, terrasse, vénérer, visage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 27 juillet 2022

Et si nous étions tous des Abstraits
exilés dans notre fabuleuse concrétion
(Michel Camus)
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in méditations | Tagué: (Michel Camus), abstrait, concrétion, exilé, fabuleuse | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 février 2021

MÉTAPHYSIQUE
La tasse de café devant lui, il allume
une cigarette. Ne veut rien savoir de l’inspiration
des vers de hasard, des destinations aussi vagues
que le cours des fleuves. Il est probable
que le temps ne l’effraie pas; que la mort
ne soit, pour lui, pas davantage qu’une
idée sans réalité visible ; que
ses yeux ne laissent rien transparaître
qu’une vie abstraite coïncidant
avec l’âme. Parfois, il pense à répondre
aux questions qui lui sont posées. Mais
il ajourne ces moments. Il préfère maintenir
la silencieuse obstination du présent,
comme s’il durait, et que le café
n’avait pas refroidi dans sa tasse.
(Nuno Jùdice)
Recueil: Un chant dans l’épaisseur du temps suivi de méditation sur des ruines
Traduction: Michel Chandeigne
Editions: Gallimard
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Nuno Judice), abstrait, ajourner, allumer, âme, café, cigarette, coïncider, cours, davantage, destination, durer, effrayer, fleuve, hasard, idée, inspiration, maintenir, métaphysique, mort, obstination, parfois, penser, préférer, présent, probable, réalité, répondre, refroidir, savoir, silencieux, tasse, temps, transparaître, vague, vers, vie, visible, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 23 octobre 2020

Les images
Je vis en un monde d’images:
Dans le domaine de l’abstrait,
Chaque idée à mes yeux paraît
Aussi concrète qu’un visage.
Au fond de sa cloche en cristal
A la transparence irisée,
Visible à peine, ma pensée
Possède un battant de métal.
Et mes sens sont une palette
Aux tons étrangement mêlés
que mes doigts chauds font ruisseler
Sur le gris de l’idée abstraite.
Des symboles mystérieux
Comme d’un arbre se détachent,
Et de l’or mouvant de leurs taches,
Tourbillonnent devant mes yeux.
Dans le chemin de la pensée,
Entre les lances des ajoncs,
J’entends éclater les bourgeons
De mes métaphores osées.
(Marie Le Franc)
Illustration: Kristoffer Zetterstrand
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Marie Le Franc), abstrait, ajonc, arbre, éclater, bourgeon, chemin, cloche, concrète, cristal, entendre, idée, image, lance, métal, métaphore, monde, or, palette, pensée, ruisseler, sens, symbole, tache, tourbillonner, transparence, visage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 13 août 2019
« Maternité » Ce mot n’a vraiment rien
que d’abstrait en ce mois de mai
de mes vingt ans
(Tawara Machi)
Illustration: Gustav klimt
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Tawara Machi), abstrait, mai, maternité, mot, rien | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 avril 2019

Vacuité de l’abstrait
qui désintègre la forme
intellect agent secret
garde le reflet symbole
Elle était de la Balance,
moi je coulais au Verseau,
à chacun sa résonance
dans le contenu d’un mot.
Ne videz pas la parole,
tout est plein qui nous console,
mes chants seront de forêt,
d’anémones dans le vent
de mer et de parapets :
la forêt sera le chant.
(Georges Libbrecht)
Illustration: Asit Kumar Patnaik
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Georges Libbrecht), abstrait, agent secret, anémone, chant, consoler, contenu, couler, désintégrer, forêt, forme, garder, intellect, mer, parapet, parole, résonance, reflet, symbole, vacuité, vider | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 24 mars 2019

PRÈS D’UNE TOUR SARRASINE, POUR MON FRÈRE DISPARU
J’habitais un clair
coquillage de mer
et dans le lointain j’entendais croître les coeurs
de mon âge battant
avec le mien. Coeurs de dieux ou de bêtes, craintives
ou diaboliques : fables contraires à
l’esprit. Les étaux attentifs
des pièges obscurs
pour renards loups et hyènes,
sous la lune au voile lacéré
se déclenchèrent peut-être pour nous,
coeurs de violettes délicates, coeurs
de fleurs hérissées. Oh ! nous ne devions pas naître
et descendre du son : le sombre tonnerre
dans l’arc-en-ciel d’air et de pierre
grondait à l’oreille de la mer une
enfance erronée, héritage de songes
à rebours, à la terre de mesures
abstraites, où chaque chose
est plus forte que l’homme.
(Salvatore Quasimodo)
Recueil: Ouvrier de songes
Traduction: Thierry Gillyboeuf
Editions: LA NERTHE
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Salvatore Quasimodo), abstrait, arc-en-ciel, âge, étau, battre, bête, clair, coeur, contraire, coquillage, craintif, croître, délicat, descendre, diabolique, Dieu, enfance, entendre, esprit, fable, frère, gronder, habiter, héritage, homme, hyène, lointain, loup, lune, mer, naître, obscur, oreille, piège, pierre, renard, sombre, son, songe, tonnerre, tour, violette | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 avril 2018
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in méditations | Tagué: (Abdellatif Laâbi), abstrait, concret, mort | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 11 avril 2018

Illustration
SONGE
Mon Dieu, des jours qui vont,
Mon Dieu, des jours qui viennent,
Dans le temps tout qui fond
Même douleurs anciennes,
Comme au monde, les heures
Sont d’hiver ou printemps,
Les jardins de nos cœurs
Ont aussi leurs saisons,
Et c’est de brume ou pluie,
De soleil ou clarté,
Qu’on vit en soi sa vie
Suivant le vent levé,
En la joie ou la peine
Alors à coupe pleine.
Mon Dieu, ils sont en nous
Comme en l’Inconscient,
Nos cœurs sages ou fous,
Suivant l’heure ou l’instant
Comme après dés jetés
On sait fortune ou ruine,
Ou comme aux jours d’été
Vent, les roseaux incline,
Car sans cause ou raison
C’est sises hors de nous,
Que choses et qui sont
Venues on ne sait d’où,
Et tenant du hasard
ou bien de notre étoile,
Nous font comme nuit noire
Dans l’abstrait qui les voile.
Or c’est ainsi, en soi,
Qu’on est si peu soi-même,
Qu’on ne sait pas pourquoi
L’on hait ou bien l’on aime,
Et que c’est vie qu’on a
Alors et qu’on subit,
Dans des jours longs, sans foi,
Ou souvent trop redits;
Et tu les a connus
Toi, ici haut qui rêves,
Et dans ton for à nu
Comme est le sable aux grèves ;
Et c’est ton cœur alors
Et qui a pris des ailes,
Pour retrouver sans leurre
Et sa paix et son ciel,
Dans le songe en la vie
Qui de tout nous délie.
(Max Elskamp)
Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Max Elskamp), abstrait, aile, aimer, aller, ancien, été, étoile, brume, ciel, clarté, coeur, coupe, dé, délier, douleur, fondre, fortune, fou, haïr, hasard, hiver, inconscient, jardin, joie, jour, leurre, nu, paix, peine, pluie, printemps, rêve, rêver, retrouver, roseau, ruine, sable, sage, saison, savoir, soleil, songe, subir, temps, venir, vent, vie, vivre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2017

éblouir la raison devenue orchidée
abstraits comme océans qui dorment
concrets comme la transparence
privée de ses deux ailes
notre absolu formé d’oranges trop boudeuses
notre ferveur plus exigeante
que l’antilope nourrie de poèmes
être d’être en sursis comme un mot murmuré
qui n’ose devenir diamant pur
être d’être la chair caressée de l’absence
(Joë Bousquet)
Recueil: Poèmes, un
Traduction:
Editions: Gallimard
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Joë Bousquet), absence, absolu, abstrait, aile, antilope, éblouir, boudeur, caresse, chair, concret, devenir, diamant, dormir, en sursis, exigeant, ferveur, mot, murmurer, nourri, océan, orange, orchidée, oser, poème, privé, pur, raison, transparence | Leave a Comment »